Le 12 janvier 2022, lors du cercle de Femmes de début d'année, chacune a posé ses objectifs de l'année comme on le fait chaque début d'année... Cette fois une impulsion, une intuition, m'a poussé à décider que cette année j'allais travailler sur la mort. Je me rappelle encore les réactions de mes soeurcieres !!! C'est chelou, de vouloir travailler sur la mort sans que la vie nous y confronte !
J'ai 42 ans, mes 4 grands-parents sont encore vivants à l'heure où j'écris cet article, j'ai accompagné le deuil d'amis, de mes enfants, de ma soeur, de clientes... Mais j'ai la "chance" à mon âge de ne jamais avoir vécu le deuil moi-même. Je me racontais l'histoire très jolie, les rares fois où j'ai perdu quelqu'un avec qui j'avais un lien sans qu'il soit très proche ni quotidien, que cette personne était partie vivre quelque part sur Terre, loin d'ici, et ne pouvait donc pas être en contact avec moi mais elle allait super bien là où elle était !
Quand mes grands ont perdu leur grand-mère paternelle en octobre 2019, je me rappelle avoir été désarmée... comment les accompagner sans l'avoir vécu ? J'ai lu plein de livres sur l'accompagnement du deuil, j'ai échangé avec mes proches qui l'avaient vécu pour savoir ce qu'ils avaient eu besoin pour m'aider à me positionner... J'ai été dans ce que je sais le mieux faire : l'action !
Mais mon propre rapport avec ce décès, je l'ai rangé dans un boite avec écrit dessus "à traiter plus tard !"
En janvier 2022, je me dis donc que j'ai bossé sur pleins de sujets dans mon développement personnel et spirituel depuis plus de 10 ans et que le sujet que je n'ai jamais accepté d'aller traiter, c'est la mort ! Je me dis aussi que mes grands-parents ne sont quand même plus très jeunes, alors ça va bien finir par me tomber dessus... alors allons y !!! Avec le recul, je me dis aussi que le covid que j'ai eu en décembre et que Lilou a eu aussi après moi, a joué dans la balance. Même détachée de toute manipulation de la peur de ce virus, il est venu me chercher dans ce que je refusais d'intégrer à ma vie : LA MORT.
J'écris cet article le 28 novembre 2022, quand cette nuit, il est venu à moi, je me suis dit : "hum il reste 33 jours pour 2022, Manue méfies-toi de ce que tu vas écrire !!!" car si en janvier dans le cercle je voyais cet objectif comme une intention que je posais en mode je vais travailler la mort avec des livres, des séances avec mon amie Sylvie, des ateliers... enfin genre avec une distance assez grande, je sais maintenant que cette intention était en faite une intuition !
Je n'ai pas travaillé la mort, en 2022 je l'ai expérimenté !
Pour faire un résumé ça donne :
Pourquoi cet accident, alors que Princesse Boucan va très bien, m'a poussé à écrire cet article ?
(je vous montre sa petite tête de chipouille !!!)
Depuis 3 semaines que cet accident a eu lieu, lorsque je ferme les yeux pour m'endormir, très souvent, je revois la scène figée de la seconde où je vois les brassards de ma nièce flotter dans la mer sans elle... Cette seconde où tout s'est joué, où la mort est là, assise sur la plage, à attendre en se disant : "je laisse la mer m'offrir cette petite fille ou je laisse la mer leur rendre ?".
Je me rappelle que j'ai hurlé son prénom, je me rappelle que ma soeur, ma fille, mon fils et mon amoureux, ainsi que les personnes sur la plage ont réagi très vite pour la chercher dans l'eau... et je me rappelle que dans mon coeur, dans mon âme, dans mon corps, j'ai dit NON ! Alors qu'une partie de moi scrutait l'eau pour la voir et qu'en 2 secondes j'ai analysé comment son corps allait se déplacer dans l'eau pour la trouver rapidement, en même temps, j'ordonnais à la mort de se barrer de là !
La mer des Caraïbes nous a rendu Nahla !!! Et apparement au vu de ce qui reste gravé en moi, la mort a des messages encore à me dire !
Depuis, je trie toutes ces expériences vécues depuis 11 mois, les ateliers que j'ai fait sur le sujet, les personnes que j'ai accompagné dans leur deuil, les rencontres, les échanges que j'ai eu sur la mort et avec la mort... Aujourd'hui, je sais que la mort existe, je sais même qu'elle fait partie intégrante de la Vie, c'est elle qui donne autant de saveur, d'importance à nos vies.
J'ai compris aussi que la mort n'est pas la fin, elle est la transformation... Elle transforme notre énergie, nos liens, nos vies (pour les vivants), nos contacts, nos communications, nos coeurs, nos âmes... Elle n'est pas ce néant vide, froid, noir, elle est le mouvement de l'essence de la VIE.
Lorsqu'après mon opération, j'ai connecté ce vide que l'hystérectomie avait créé, j'ai été surprise d'aimer, apprécier la sensation de ce vide dans mon corps, il était doux et apaisant... Et il m'a fallu un long moment pour accepter d'y remettre du mouvement, de la vie et de l'énergie... Du coté de la mort, ça m'a paru tout à coup agréable et une expérience qui n'est plus effrayante mais plutôt même réconfortante... On imagine la mort comme on est vivant, ce qui réduit la perception énormément...!
On perçoit la mort avec notre vision, nos croyances d'incarnation terrestre... et d'autant plus dans nos cultures occidentales où la mort c'est le sujet interdit, tabou, voir mal !
Au fil de cette année, j'ai appris à "aimer" la Mort, elle peut être douce et belle... Elle est aussi noble que la Vie. A quoi ça sert de la rejeter ? la détester ? l'ignorer ? Alors qu'on sait tous qu'elle gagnera sur chacun d'entre nous... Alors, je me suis dit que quitte à ce qu'on se rencontre un jour, autant qu'on devienne amie plutôt qu'ennemie !
C'est au fil de cette réflexion que j'ai dit à Sylvie que j'étais prête à accompagner les cérémonies et les rituels funéraires avec les Louves... Je veux accompagner les vivants dans la transformation du lien que la mort engendre, je veux que l'on arrive à sentir du beau et de la lumière même dans la nuit de la mort.
Si mon rapport entre elle et moi s'est adouci... j'ai aussi compris cette année que je n'avais aucun contrôle, aucune responsabilité d'anticipation, aucune solution pour me préparer à la souffrance de la mort d'une personne que j'aime et aucun remède magique pour soulager celle de ceux que j'aime qui vivent cette souffrance. Car la mort elle nous fait expérimenter ça aussi : notre impuissance !!!
Ouais, c'est méga relou à accepter !!! Moi qui travaille à développer la puissance de l'énergie féminine, j'en ai conclu qu'avec la mort le combat est perdu d'avance ! J'ai donc cherché... Si je n'ai pas de contrôle sur comment je vais le vivre quand ça arrivera, ni comment je vais le vivre après, que je ne peux pas savoir ce que je vais ressentir, comment je vais réagir... y a un truc que je peux faire par contre ici et maintenant : diffuser la puissance de mon amour dans le vivant et être un canal quand je le décide du lien entre le vivant et l'invisible pour diffuser ce lien d'amour !!!
Je ne sais pas qui de mes proches va mourir en premier, ni même si sera moi ou quelqu'un d'autre, je ne sais pas quand, ni comment... Sur tout ça, j'ai compris, je n'ai ni contrôle, ni pouvoir (si ce n'est celui de prendre soin de ma santé !), je lâche prise... J'ai compris aussi que ça ne sert à rien d'imaginer ce que je vivrais quand ça arrivera, je ne connais même pas là Emmanuelle que je serais demain ou dans 6 mois, 8 ans... Car il est flagrant, que je ne suis plus là Emmanuelle qui a posé cet objectif le 12 janvier 2022 lors de ce cercle, soufflé par mon intuition.
La seule certitude que j'ai, c'est que cette année avec ce travail avec la Mort, j'ai appris une belle prise de conscience :