Vie de chef d'entreprise et de femme en 2O2O

Ce n'est pas l'article de blog le plus drôle et le plus positif que je pu écrire ici, je te préviens ! J'hésite depuis plusieurs jours à te partager tout ce qui va suivre, parce que je dois faire taire mon égo pour cela. Avouer mes faiblesses et mes échecs, c'est fort inconfortable pour moi (merci mon profil 3 énneagramme), et en même temps, il me semble essentiel que chacun de nous soit honnête sur ce qu'il vit aujourd'hui, afin d'emmener vers une prise de conscience collective.

Ma réalité vaut que ce qu'elle vaut dans ma propre vie,

je ne te la partage pas pour que tu aies pitié, ni pour que tu fasses quelque chose, et encore moins pour que tu me sauve de quoi que ce soit. Je te la partage pour t'inspirer à partager la tienne aussi, pour montrer au Monde que sa propre réalité n'est pas forcément celle des autres, et que ce n'est qu'en ayant conscience d'un plus grand nombre de réalités différentes, qu'ensemble, nous mettrons en place des solutions justes et équitable pour le plus de monde possible.
Voici donc mon expérience de femme et de chef d'entreprise au cours de cette année 2020...

Pour cela il faut revenir un peu en arrière... En Mai 2019, je mets (enfin) en place ma nouvelle entreprise. Je décide de fermer mon entreprise individuelle de Wedding-planner pour ouvrir une société en SASU en tant que centre de formation et coach business... Durant l'année 2019, je termine mes derniers contrats de mariage et je mets en place doucement la nouvelle activité. Le cumul des deux activités fait que celle qui se termine (la partie Wedding planner) prend encore beaucoup de mon temps, et la nouvelle est en tout début de lancement... Je termine donc l'année 2019 en disant au revoir à l'activité que j'ai choisi d'arrêter et avec une belle perspective sur la nouvelle : un site internet tout neuf, un catalogue de formation quantitatif et qualitatif, une belle équipe, de beaux évènements sur la partie coach de la Femme prévus au calendrier, une stratégie de communication réfléchie et construite, un bel accueil par mon réseau de ces nouvelles activités, de nombreuses demandes d'accompagnements et de formations... La transition est enclenchée et se déroule comme prévue !!!

femme debout pied nue qui parle avec un écran et un Mac dans un salon
Crédit photo : Elielle.fr

En mars 2020, le confinement saison 1

Très rapidement, je décide de m'adapter, je propose de continuer les accompagnements en visiconférence, je mets en place des programmes en ligne, des formations à distance, je passe des heures à bosser pour mettre les process en place tant sur les prises en charge, les documents et les moyens techniques pour continuer à travailler, qu'à oeuvrer en ce que je crois.On met en place des accompagnements gratuits pour apporter du soutien et de la présence à nos pairs, et d'autres à des tarifs spéciaux pour le confinement, car on prend conscience que la crise sanitaire va entrainer avec certitude une crise économique.Je réorganise tout le planning des ateliers, des accompagnements collectifs, des formations... prévus pendant le confinement sur cet été, certains stagiaires décident néanmoins d'annuler leur inscriptions mais franchement, 90% nous suivent et on est super contents et rassurés.On ressort de ce confinement en se disant qu'on a apporté notre soutien à cette crise sanitaire, tant socialement en s'adaptant et acceptant tout ce qu'on nous a demandé, qu'à notre communauté en restant présents et solidaires dans cet expérience inédite pour nous tous...

Pendant l'été, on fait le bilan du confinement et on voit bien qu'on a eu des pertes financières, et à la fois, je suis contente de voir qu'on y est arrivé, qu'on s'en est sorti, qu'on a sauvé les meubles, parce que mon métier me l'a permis et je sais que rien que pour cela, je dois me sentir heureuse car pour beaucoup d'autres, cela n'était pas possible.Et en même temps, je commence à comprendre que le plus dur est à venir. Ce confinement a changé notre façon de réagir, de consommer, de gérer notre argent, de voir l'avenir, d'investir,... il a changé nos priorités.Si je prends la pyramide de Maslow, mes clients, ma communauté qui était dans des besoins psychologiques et d'épanouissement, est descendue à juste titre dans des besoins de sécurité et physiologiques... comme moi d'ailleurs, et comme une énorme majorité d'humains...Même en n'étant pas dans la peur et la psychose de la maladie, en ayant foi en l'humain et en la Terre, je sens bien qu'en moi ce n'est plus tout à fait pareil. Je prends davantage conscience que la "réussite" économique du 1er confinement pour mon entreprise est totalement éphémère, que tout ce que je sais de l'entrepreneuriat, tout ce qui a fait que j'ai réussi depuis 12 ans dans ma vie de chef d'entreprise, les règles apprises, testées et validées, tout cela n'est plus valable.

Car jusqu'à présent, ma réussite dépendait de moi.

Je vivais dans un pays stable économiquement, dans lequel je connaissais les règles de fonctionnement, j'avais appris la communication et le marketing pour connaitre ma clientèle, j'avais mes connaissances sociologiques pour comprendre et m'adapter. Sauf que vers la rentrée de septembre, quand j'ai commencé à recevoir un grand nombre de mails d'annulation, des mails avec de grandes inquiétudes financières, avec des peurs de sortir de chez soi, d'investir sur soi, de croire en soi... j'ai compris que je n'avais plus le contrôle sur ma réussite.
Pour autant, j'ai continué à m'adapter, à trouver des solutions, à écouter, rassurer, créer de nouvelles offres, de nouveaux projets pour rentrer dans les nouvelles règles sociétales. Et j'avais cet espoir qui me tenait, j'avais bossé des mois et des mois et les résultats étaient là. Mon calendrier d'octobre et novembre était plein...
Les nouveaux projets ont été mis en place et ont été, encore une fois, accueillis avec beaucoup d'enthousiasme (merciiiiii <3) et nos sessions de formations de novembre étaient complètes !!! Oh, ça fait tellement de bien de voir que j'ai bien fait d'y croire et de ne rien lâcher !!
Et puis... un certain vendredi soir, on me rappelle qu'en 2020, je dois vivre avec l'insécurité de demain, avec le fait que ma vie sociale, familiale, professionnelle peut être arrêtée, ralentie, et surtout décidée (!!!) par des personnes qui ne savent rien ni de ma vie, ni de moi, ni de mes peurs, ni de mes besoins, ni de ma réalité.En 3 minutes, c'est plus d'un an de travail qui s'écroule, ce sont mes revenus pour plusieurs mois qui disparaissent, c'est la sécurité financière de ma famille qui part en poussière et aussi mes rêves, mon égo et l'estime de moi...Et avec cela aussi, le sentiment de ne pas avoir le droit de me plaindre car je fais partie de ceux qui ont encore le DROIT de travailler en France. Car oui, je ne sais pas trop pourquoi ni comment, je n'ai pas le droit de recevoir ma clientèle dans mon bureau pour faire de l'accompagnement individuel en tant que coach et thérapeute, mais j'ai le droit de maintenir mes sessions de formations en groupe en présentiel...
La réalité est qu'en 72H, nous avons perdu les 2/3 des stagiaires inscrits sur les formations de novembre (je ne vous donne pas le chiffre, il donne le tournis !!), alors oui, j'ai le droit de travailler, sauf qu'après 11 mois de psychose, de peur, d'insécurité sur demain, d'angoisse collective, d'incertitude sur les prochaines annonces... Nous avons changé !!! Et que, quand j'ai une jeune femme qui m'appelle en angoisse totale sur comment elle va vivre le mois prochain car elle fait partie des métiers qui ont l'interdiction de travailler depuis des mois, et qu'on lui annonce qu'elle ne le pourra pas encore quelques semaines, quand elle décide d'annuler sa formation pour garder son argent pour manger; qu'une autre m'appelle en me disant qu'elle est au chômage et qu'elle devait embaucher après la formation, mais qu'on vient de lui dire que non, parce que l'entreprise est en fermeture administrative qu'elle décide de garder les sous de la formation pour payer son loyer (des histoires comme celles-ci j'en ai des dizaines)... eh bien mon coeur d'humaine passe avant ce que je suis en tant que chef d'entreprise, et j'accepte d'annuler leur contrat avec moi ! Et non, même pas j'essaie de négocier ou de proposer des paiements en plusieurs fois, car moi-même je ne sais pas si dans 2 mois j'aurai plus d'argent qu'aujourd'hui, alors pourquoi elles elles le sauraient ?!

cahier ouvert avec un stylo posé dessus sur un carrelage marron
Crédit photo : Claire D

Après 11 mois de crise sanitaire, je n'ai pas vu ni embrassé mes grands parents depuis des semaines,

mais je l'avoue, ce n'est pas ce qui m'inquiète et me fait le plus de mal... Aujourd'hui, je n'ai pas peur que mes parents, mes enfants, mon mari attrapent le Covid, je n'ai pas peur de perdre quelqu'un de ma famille de cette putain de connasse de maladie, parce que je n'ai plus ni l'énergie, ni le temps de penser à cela...
Aujourd'hui, j'ai peur pour la santé de mes enfants qui portent un masque 40h par semaine à l'école. J'ai peur pour leur santé psychologique de vivre leur adolescence dans un monde où l'autre est un danger, où on leur répète tous les jours à l'école que s'ils touchent leurs copains, s'ils s'assoient à coté d'eux, s'ils baissent leur masque pour respirer pendant le cours de sport, s'ils prennent plus de 15 min pour manger à la cantine,... ils peuvent tuer quelqu'un !!!

Je n'ai pas peur de ne pas fêter Noël comme avant, avec un tas de cadeau devant le sapin, j'ai peur parce que je ne sais pas comment je vais payer mes courses de la semaine prochaine sans me servir de la carte de mon mari, alors que c'est ma partie du budget familial !J'ai peur parce que ma fille s'est proposée de vendre des gâteaux pour me donner des sous (j'ai dit non bien sûr), alors que même quand j'étais maman célibataire avec deux enfants j'avais plus d'argent et de sécurité sur mon avenir professionnel que pendant cette année 2020.J'ai peur parce que je suis une femme d'action, que je crée encore et encore pour m'adapter et tenir, mais que je ne sais pas quand et quoi va encore être décidé par des bureaucrates hors de ma réalité.J'ai peur de ce que je lis et de ce que j'entends, trop de monde attend le vaccin comme la solution miracle qui va tous nous sauver demain sans réfléchir aux conséquences sur après-demain...J'ai peur parce que depuis 11 mois, on me vole ma vie, celles de mes enfants, et que tout ce temps qu'on nous a volé, on ne le récupérera plus jamais...J'ai peur parce qu'on met des mesures sanitaires pour éviter de choisir qui on doit sauver dans un hôpital, en sacrifiant une majorité de la population... Celle qui a toujours fait le choix de ne pas perdre le temps à se battre dans la rue ou dans des débats, parce qu'elle est sur le terrain, en train de construire sa vie, avec des heures de travail, de sacrifices, qui a choisi de croire en ses rêves, d'être créateur de son métier, de sa vie et de ses choix... J'ai peur car on catégorise les gens comme "essentiels" et "non-essentiels".J'ai peur car une autre partie de la population accepte, trouve cela normal, ferme les yeux et croit que parce que l'état dit qu'on a des aides, alors tout va bien (j'en n'ai pas, et la liste des entrepreneurs autour de moi qui n'y ont pas le droit non plus est longue) Je n'ai pas peur du Covid, j'ai peur des gens !!!

Alors voila, tout ceci ce n'est pas vraiment très drôle, et certainement bien au-delà de ma posture de coach, et pourtant ça fait bien partie de moi...

Et je le re-dis, je te partage cela car j'ose te montrer ma réalité, mais en même temps, je fais partie de ces personnes qui ont la chance d'être mariées avec quelqu'un qui a un emploi en CDI, stable et sécure, dans un domaine absolument pas touché par tout ceci (pour le moment), qui permet d'assurer (pour le moment) les besoins du foyer. Et je fais aussi partie de ceux qui ont encore le droit de travailler...
Par contre, je suis réaliste (et très fatiguée par tout ces mois à essayer, re-essayer, chercher, créer, prendre des murs, refaire, défaire pour m'adapter et garder mon entreprise la tête hors de l'eau...), c'est que l'avenir de l'entrepreneuriat en France ne dépend pas uniquement de l'énergie créative de l'entrepreneur, ni de sa capacité à s'adapter, ni de son potentiel positif et combatif, l'avenir de l'entrepreneuriat en France, comme l'avenir de nos enfants, de la société que nous sommes en train de leur construire, de ce que nous sommes entrain de leur influer comme injonctions, DÉPEND DE CHACUN D'ENTRE NOUS !!!
Chacun de nos choix, de nos petites actions, de notre contribution à autre chose de différent plus aligné à nos valeurs humaines, chaque opposition, chaque affirmation, chaque prise de position, chaque liberté que l'on s'autorise, chaque idée partagée, chaque écoute, chaque soutien, chaque acte fait avec le coeur fera bouger quelque chose et peut faire la différence.
Aujourd'hui, j'ai plus l'argent que j'avais il y a un an, j'ai plus la sécurité financière que m'apportait mon entreprise il y a quelques mois, je n'ai plus de vision stable qui dépend uniquement de moi sur mon avenir professionnel... Et en même temps, j'ai quelque chose qu'aucun virus, aucun gouvernement, aucun échec ne pourra me lever : MON COEUR D'HUMAINE
Je vous aime les humains <3

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