Cette grossesse non désirée... Je décide quoi ?

Cet article est inspiré par l'histoire actuelle d'une femme, des doutes, des questions, des peurs qu'elle se pose en ce moment même... Et par cette autre femme qui a vécu tout cela, il y a quelques années.

Pour le respect de la confidentialité de l'histoire de la première femme, je ne vais pas partager directement leurs expériences à l'une et à l'autre... Toutefois, j'ai proposé à Audrey (qui a déjà participé sur le blog ici) d'écrire son histoire de cette grossesse non désirée sur le blog, dans l'espoir que cette femme (et bien d'autres) qui vivent cela puissent nous lire, qu'elles sachent qu'elles ne sont pas seules, qu'on les comprend et que qu'elle que soit la décision, elle sera la bonne.

Grossesse non désirée, le choix de l'avortement

Avant de te partager le récit d'Audrey, je vais te partager un bout de mon histoire. Quand j'ai lu le témoignage que tu vas lire d'Audrey ci-dessous, j'ai beaucoup pleuré car il a fait écho à mon histoire. Comme beaucoup de femmes, j'ai eu moi aussi ce choix à faire. Même si ma décision a été l'inverse de celle d'Audrey, les questions, les doutes, les sensations, la culpabilité... Tout a été la même chose.

Dans notre société, où l'on remet encore en cause l'importance de la liberté et le droit de l'avortement, que l'on entend trop souvent que c'est du confort, du caprice... ou pire, que l'on pense bien trop souvent que l'avortement est un luxe que l'on accorde aux femmes qui ont été irresponsables dans leur sexualité... L'histoire d'Audrey, la mienne et de nombreuses femmes que je rencontre dans mes accompagnements sont la preuve que la question de l'avortement n'est jamais neutre de sens et de conséquences.

Le jour de mon avortement j'avais 36 ans, j'étais maman de 3 enfants, mariée depuis de nombreuses années, je suis tombée enceinte de mon mari suite à une erreur de gestion de sa part, car j'avais reçu un traitement médical qui pouvait avoir des conséquences sur mon cycle et dans la folie du moment il a oublié cette info...

Pourtant, cette décision, j'ai dû la prendre seule car c'est mon corps qui portait cette grossesse, comme Audrey, j'ai eu la chance d'avoir comme mari mon mari, j'ai eu aussi la chance d'être entourée d'amies, de mes soeurs et de ma maman, pour autant, on est seule face à cette décision.

Grossesse non désirée, j'en fais quoi ?

Si chacun y va de son conseil ou de son avis, où comme dans mon cas où je demande à chacun de ne pas me donner leur avis, c'est bien moi SEULE qui doit décider si je bouscule toute ma vie avec un 4e enfant et les conséquences que cela peut créer dans mon couple, mon travail, ma famille, c'est bien moi qui doit décider si je suis capable d'avaler ce médicament qui va arrêter une vie !

C'est moi seule qui vais devoir une fois cette décision prise en assumer TOUTE ma vie les émotions, sensations, conséquences et responsabilité... et mon mari pour les conséquences et responsabilités selon ma décision ! Toutes les autres personnes, une fois rentrées chez elles, que je décide de garder cet enfant ou avorter... elles ne seront pas là pour vivre avec cette décision, donc leur avis c'est leur vie !

Et j'ai dû faire face à un gynécologue qui lors du rdv de datation pour connaitre le temps que j'avais pour prendre ma décision, sans connaitre mon histoire, sans savoir le contexte de cette grossesse, s'est permis de me juger et de me réprimander comme une gosse de 5 ans, qu'au vu de ma situation familiale, j'ose envisager de tuer cet enfant (ce sont ses mots !).

Si j'avais fait le même choix qu'Audrey, ma fille (oui je sais que c'était une fille et elle s'appelle Lili Rose) aurait aujourd'hui presque 6 ans... Et dans mon coeur elle a 6 ans, elle m'accompagne souvent comme mes 3 autres enfants, elle est un élément central dans ce que je suis comme femme et ce que ma famille est depuis...

Je n'ai jamais regretté mon choix, par contre il n'a pas été sans conséquences dans mon coeur et mon corps, la culpabilité de cette décision que je fais pour moi, pour mon couple et pour ma famille ont été très forte et très douloureuse (tu peux lire ici, ce que mon corps a crée ensuite). Et je précise bien que cette décision était la mienne, que je ne la regrette pas, ce que j'ai vécu après cet avortement ne m'appartient qu'à moi, dans ce que je suis et ce que j'en ai fait ! D'autres femmes le vivent mieux ou pire, nous sommes chacune différente... et LIBRE !

Maintenant place à la belle histoire de la grossesse non désirée d'Audrey :

Je suis prête à partager mon histoire. Sans doute que cela m’aidera aussi à lever un peu plus le poids de cette culpabilité que je porte.
14 juillet 2017, je suis en vacances en Italie. Partie seule avec mes 3 enfants pour 10 jours parce que mon mari travaille au dernier moment. Alors que nous visitons les Cinque Terre et nous profitons du bon temps, je sens qu’il se passe un truc. Les jours s’écoulent et l’évidence est de plus en plus présente: je n’ai pas mes lunes.

Mes cycles sont réglés comme du papier à cigarette. Ça veut donc dire que je suis enceinte.... Non non non! Impossible! On fait attention. Et puis j’ai tout cédé! Je n’ai plus rien pour accueillir un bébé. Et puis j’ai déjà 40 ans. Et il est sur de lui donc c’est impossible! On va profiter. Elles ont du retard. Ça ne changera rien de toute façon. On gérera ça en rentrant.

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Crédit photo : Priscilla Gissot

Première chose que j’ai fait en arrivant : la fête du hameau! Parce qu’après, fini de boire et de faire la folle! Je n’ai fait le test que le lendemain juste parce que monsieur était sûr de lui. Sauf que ce que je ressentais dans mon corps depuis une dizaine de jours a été confirmé : je portais en moi mon 4ème enfant!

Tout ce que j’avais projeté tombait à l’eau. Ma vie était chamboulée. J’ai eu la sensation qu’un tsunami s’était abattu sur moi et me secouait dans tous les sens! Entre les moments où je me réjouissais de porter la vie et les autres ou je me disais pas maintenant pas moi j’ai tourné la page.

Quand monsieur est rentré de son long déplacement, il n’en revenais du résultat du test. Comment c’était possible? Sa première réaction fut « qu’est ce qu’on fait? On le garde ou pas? » Cette phrase résonne en boucle en moi! Encore aujourd’hui j’ai la chair de poule de l’écrire.

J’ai senti tout ce poids sur mes épaules de cette décision à prendre! Dans un sens où un autre je serais seule responsable de ce choix. Alors que je n’avais rien demandé ni voulu à la base! Tout m’étais imposé mais c’était à moi de choisir parce que c’était en moi, c’était mon corps. Personne ne pouvait m’imposer ce choix là.

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Crédit photo : Priscilla Gissot

Je me suis posée un moment. J’aurais tellement aimé partager avec quelqu’un d’autre que mon mari que j’avoue avoir rendu responsable de tout ce qui m’arrivait. Mais je ne pouvais pas! La décision m’appartenait et je ne pouvais pas être influencée. Et puis raconter que je suis enceinte mais que je vais pas le garder, à qui dire ça? Ou bien raconter que j’ai 40 ans et que j’entends mon 4ème sans l’avoir désiré, à qui le dire sans avoir de jugement!

Non j’étais seule au monde avec mes questionnements et mes tourments.
Avant de me torturer pour rien, j’ai décidé d’abord de prendre rdv chez un gynécologue pour vérifier que cette grossesse était viable. L’épreuve de la salle d’attente fut terrible!! Seule au monde encore, entourée de ces couples tellement heureux d’attendre un enfant; ces ventres tout ronds tout beaux.... Et moi honteuse de ne pas réussir à me réjouir comme eux. Comment cela était il possible alors que j’avais déjà vécu ça 3 fois! Certes c’était une surprise cette fois.

Mais quand même! J’ai adoré être enceinte et j’ai adoré donner la vie. Comment je pouvais être dans la tristesse à ce point! C’était pourtant la réalité.
Arrive enfin mon tour. Je rentre dans le cabinet, et je commence à raconter le pourquoi de ma venue. Je viens de faire un test qui s’est avéré positif mais cette grossesse n’ayant pas été décidée, je souhaite savoir si tout est ok avant d’envisager la suite.

Et là le choc! La sidération! Le voilà qui sort un dossier de la couleur des IVG et qui m’explique le délai de réflexion etc... à quel moment « envisager la suite » a pu lui faire croire que ma décision était prise?!

En sortant j’ai passé des heures à pleurer. D’abord seule dans ma voiture, impossible de reprendre le volant. Et puis en arrivant à la maison. J’ai eu l’impression que la décision était évidente pour tout le monde mais moi j’étais bien incapable de faire ça! Je portais la vie et de quel droit moi je pouvais décider d’y mettre fin! Après tout, ce qui doit être est, c’est ce que je crois dur comme fer.

Alors je devais tout balayer, mes valeurs et mes croyances, parce que la décision était évidente pour les autres! C’était violent, inconfortable et me donner le tournis. La deuxième vague du tsunami.

J’ai eu la chance d’avoir mon mari pour mari. Je me rappelle de ses mots comme si c’était hier. Il m’a dit « quelle que soit ta décision, elle sera juste pour moi et pour tout le monde. Maintenant le gyneco tu t’en fous! Si tu veux pas y retourner il fera ce qu’il veut de son bout de papier ça n’est qu’un papier! C’est toi qui doit choisir. Personne ne t’impose rien, et moi non plus. Je serais là quoiqu’il se passe ». Après toutes ces années je sais qu’il avait très envie de se réjouir d’être papa et espérait que ma décision lui donne la chance de l’être.

Ma décision n’a pas tardé. J’étais incapable d’avorter, inutile de me forcer. C’était encore plus douloureux que d’assumer ce bébé. Rien n’était plus lourd dans la balance que la vie de ce petit être. C’était un cadeau du ciel pour moi et mon mari qui voulions 4 enfants. Notre rêve se réalisait, elle était là l’évidence. C’était pas une erreur mais une belle surprise.

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Crédit photo : Priscilla Gissot

Maintenant que je le connais, que le vois tous les jours grandir depuis presque 5 ans, je sais qu’il nous a été envoyé. Il nous apaise, nous guide à être meilleur, il est le ciment de la fratrie que nous avons construit. Il n’aurait pas pu en être autrement dans notre vie.

Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là! Chaque jour aussi en le voyant je me demande comment j’ai pu envisager qu’il puisse en être autrement ! Comment ai je pu avoir ne serait ce que l’idée! Cette culpabilité je vis avec et je demande pardon à moi même chaque jour.

Je conclurais en disant qu’il n’y a pas de meilleure ou moins bonne décision. Il y a le choix du cœur. Et que chacune fait le bon choix pour elle au moment où elle en est dans sa vie. Il suffit d’ouvrir son cœur et de l’écouter. Et personne, non personne ne peut décider pour elle! Il faut réussir à faire fi des jugements des autres qui leur appartiennent.

Se mettre dans sa bulle, comme le jour de son accouchement. Seule avec son bébé. Il est trop facile de mettre la faute et la pression sur la femme. La société est championne pour ça. L’avortement est un droit, il est même désormais inscrit dans la constitution. Parce qu’après tout seule la femme enceinte connaît son histoire, et sait pourquoi cette grossesse existe, et pourquoi elle va avoir à prendre une décision.

Et les autres qui jugent n’en savent rien. Alors qu’ils continuent de juger, toi ignore-les. Parce que peu importe ta décision toi seule vivra avec. Ton corps et ta vie t’appartiennent à toi seule.

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