Dans 5 jours, je repars. Retraite HUMAN saison 2. Nouveau pays, nouveau peuple, nouvelle expérience… et une grosse partie du groupe de la première édition revient. Comme un fil qui continue à se tisser, un fil rouge qui nous relie, qui nous embarque encore plus loin.
Le 9 février 2024, Sylvie et moi posions les pieds au Kenya. C’était intense et pourtant si évident. Transformant et à la fois naturel. Ce qu’on a vécu là-bas, en terre maasaï, s’est imprimé en nous. Dans nos tripes. Dans nos cellules. Ce n’était pas un voyage, c’était une mise en lumière de tout ce qu’on savait déjà, de tout ce qu’on ressentait profondément : la confirmation que nos croyances, nos philosophies de vie sont justes, que la gratitude est une évidence, que l’eau, l’électricité, la nourriture ne sont pas des acquis universels, et que notre privilège de vivre en France nous donne une responsabilité.
Je me souviens des peurs avant de partir au Kenya. Je me souviens des projections, de l’excitation, de cette sensation d’être au bord d’un plongeon immense sans voir ce qu’il y avait sous l’eau. Et pourtant, tout a été fluide, puissant, doux et percutant à la fois. HUMAN est née là-bas, avec eux, avec nous, dans cette terre vibrante, dans ces regards profonds et ancrés, dans cette simplicité qui nous a tout appris.
Et maintenant, un an plus tard, on repart. Cette fois, cap sur le Maroc, à la rencontre du peuple nomade du désert du Sahara. Parce que les lignes bougent. Parce que nous sommes des êtres de mouvement. Parce qu’il n’y a rien de plus vivant que de se mettre en chemin. Et je vais être honnête : moi qui ai déjà vécu HUMAN une fois, moi qui sais ce que ça fait d’être bousculée dans mes fondations, je ressens encore un mélange brut de peur, d’excitation et de projections. Comme un air de déjà-vu, mais avec un tout nouvel enjeu... et à la fois toujours ce kiffe de ressentir tout cela !!!
Pour moi, HUMAN, c’est agrandir sa carte du monde et de son cœur.
On vit en France, dans une société de consommation où tout est accessible en un claquement de doigts, et pourtant, on râle encore de ne pas avoir assez. C’est jamais assez bien. On court après le temps, on se noie dans le "faire", et on oublie de savourer les paillettes du présent.
HUMAN, c’est sortir de cette course folle et aller apprendre de ceux qui n’ont pas perdu le vrai sens de la vie : vivre dans la simplicité de la joie.
C’est aller rencontrer d’autres peuples, d’autres cultures, qui fonctionnent bien loin du "mode roi du râlage à la française", pour revenir chez nous avec un regard différent. Un regard où la gratitude reprend sa place.
C’est un retour à l’essentiel, à la simplicité et à la joie pure d’être en vie.
C’est ça, HUMAN. Et c’est pour ça que je repars.
La première qui se pointe, c’est celle qui est là depuis le début : mon rapport à mon corps.
Cette retraite, elle pousse encore plus loin les limites du confort. Avec les Maasaï, on était déjà sur un terrain dépouillé : pas d’eau courante, pas d’électricité, juste la nature et nous. Là, on rajoute un cran : quatre jours de trek dans le désert. Autant te dire que mon corps, qui est censé être mon allié, se transforme parfois en mon plus grand doute.
Depuis que l’endométriose s’est invitée dans ma vie, j’ai du mal à lui faire confiance. Il a des caprices, il impose ses règles, il me freine quand je voudrais courir. Et même avec toutes mes années de travail sur la liberté, sur le fait de s’écouter, sur l’acceptation… j’ai encore du mal à ne pas le voir comme une contrainte parfois. Parce que la douleur arrive quand elle veut, parce que la fatigue me prend par surprise, parce que je ne peux contrôler.
Alors oui, je me suis préparée. Je m’entraîne depuis cet été. Pas pour la performance, pas pour être une warrior qui écrase ses limites, mais pour m’accompagner moi-même avec bienveillance. Parce que je suis l’organisatrice de cette retraite et que mon engagement est clair : assurer le bien-être et la sécurité du groupe. Et je sais que ça, je vais le faire. Mais je veux aussi le faire sans me trahir, sans me pousser dans un dépassement qui me coûte trop cher.
Et là, de suite, la peur fait plus de bruit que la confiance. C’est normal. C’est un classique chez moi. Je connais le processus. Mais putain, ça n’empêche pas de la ressentir.
Ça faisait longtemps qu’elle ne s’était pas invitée, et franchement, elle ne me manquait pas. Mais la voilà, tapie dans un coin, prête à bondir avec son lot de reproches déguisés.
Culpabilité d’être cette femme libre. D’être celle qui suit ses rêves. D’être celle qui s’autorise une vie au-delà de son rôle d’épouse et de mère.
Et là, le timing est parfait pour qu’elle vienne me piquer en plein cœur.
Ma Lilou jolie prend son premier appartement. Un moment clé, une étape de vie. Et les dates tombent pile le jour de mon départ.
Résultat ? Je ne serai pas là. David va tout gérer seul. Et même si ma tête sait très bien que j’avais posé mes dates bien avant que Lilou prenne sa décision, même si je sais que personne ne m’en veut, même si je sais qu’ils auraient pu décaler d’une semaine si c’était important pour eux… ça ne change rien à la petite voix qui me murmure : "Encore une fois, tu n’es pas là parce que tu travailles."
Je sais exactement à quoi elle fait référence, cette phrase. Je sais d’où elle vient. Et c’est en lien avec l’énergie qui va se poser sur cette retraite (mais ça, je l’expliquerai au retour).
Et comme si ce n’était pas suffisant, voilà la culpabilité de fille qui s’ajoute.
Parce, dans ce trek, mes parents viennent avec nous. Oui, oui, mes parents. Ces deux fous qui ont décidé de se lancer dans l’aventure, à 66 ans.
Et bizarrement, même si je sais qu’ils sont adultes, qu’ils prennent leurs décisions en conscience, qu’ils savent ce qu’ils font… je culpabilise à l’idée que cette retraite puisse les mettre en difficulté. Comme si c’était mon rôle de m’assurer que tout ira bien pour eux.
Depuis quelques semaines, j’ai mal à la gorge. Pas de hasard. Je sais pourquoi.
Il y a une émotion que je n’ai pas envie de voir, que je garde bien planquée. Parce qu’elle me dérange, parce qu’elle me fait peur.
Mais voilà, je suis coach, thérapeute, organisatrice de cette retraite HUMAN. Je ne peux pas faire semblant et surtout je ne veux pas !!!!!
Mon job, c’est aussi d’être alignée. D’être en état d’accueillir les autres et leurs transformations. Et ça commence par moi.
Le processus d’une retraite commence bien avant le cercle d’ouverture. Ça fait déjà plusieurs jours que Sylvie et moi, ainsi que d’autres participants, ressentons que quelque chose est enclenché. Ce qu’on vit maintenant fait déjà partie de HUMAN.
Alors cette semaine, je décide d’arrêter de lutter.
Cette émotion, peut-être que je la laisserai sortir avant de partir. Peut-être que ça arrivera en plein désert. Peu importe. Je me donne le droit de ne pas savoir.
Et puis il y a cette autre peur. Plus intime.
Faire sans lui.
Sans David. Sans ma ressource de lui ....
Je lui ai dit hier :
"Moi, je vais m’occuper de tout le groupe… mais si toi, tu n’es pas là, qui va s’occuper de moi ?"
Et oui, bien sûr, HUMAN est un espace de sororité, d’humanité, de soutien. Mais il y a encore en moi cette vieille injonction patriarcale : quand tu es celle qui guide, celle qui fédère, celle qui porte… tu dois être forte. Exemplaire.
Et ça, c’est mon défi... d'aller avancer sur le sujet qu'il s'était pour moi au Kenya.
La bonne nouvelle ? On a construit une relation où je peux tout lui dire. Où je peux baisser les masques. Où il n’y a pas besoin de faire semblant. Et comme il est trop mon amoureux de la folie, il m’a proposé qu’on se fasse le tatouage de couple qu'on avait prévu, avant mon départ. Pour que j’aie toujours sur moi le rappel qu’il est là, où que je sois.
Mais au-delà des peurs et des doutes, il y a une excitation immense.
Je suis remplie de gratitude. Gratitude envers moi-même de créer des espaces comme celui-ci, d’avoir osé rêver HUMAN et de l’avoir concrétisé. Gratitude envers tous ceux qui viennent partager cette aventure, qui font confiance à ce processus, qui se lancent avec nous. Gratitude envers les nomades qui nous ouvrent leur espace de vie, qui nous accueillent dans leur quotidien avec une simplicité qui nous apprend tout.
Dans mes projections, j’imagine cette joie pure de lever les yeux vers un ciel étoilé, sans pollution, sans bruits artificiels, juste la beauté brute de la nature. J’entends déjà les chants, les échanges, les rires partagés autour du feu.
Et puis, il y a cette immense chance de vivre ces moments avec mes parents. Des instants privilégiés, hors du temps, que personne d’autre dans la famille ne partagera avec eux de cette façon. Un cadeau unique.
C’est ça aussi HUMAN. La joie intense d’être pleinement là, de vivre des moments de simplicité et de connexion profonde.
Et puis, il y a aussi la fierté. La joie de voir la concrétisation d’un projet préparé depuis presque un an. De voir que ce qui était une idée, un rêve, est en train de devenir une réalité vécue, ressentie, partagée.
Et puis, avant de boucler ces mots, j’ai envie de m’adresser à quelques humains qui rendent cette aventure encore plus puissante.
À toi, Sylvie, mon binôme dans cette expérience qu’est HUMAN. Un an après le Kenya, on repart, et je sais qu’on va encore se regarder avec ce sourire complice au milieu du désert en se disant : "Putain, on est là." Merci d’être là, d’être toi, d’être ce miroir, ce soutien et ce rappel constant que le mouvement est la seule vérité.
À Céline et Stéphane, notre photographe et notre vidéaste. Vous n’êtes pas juste là pour capturer des images, vous êtes là pour capter l’âme de cette retraite, pour figer des instants qui, nous permettra d'ancrer tout cela ensuite. Merci de voir au-delà, de saisir l’essence, de nous offrir des souvenirs de ce qui se vit dans l’invisible.
À vous, les 16 humains qui nous rejoignez dans ce voyage. Vous ne venez pas juste faire un trek au maroc mais vivre une retraite dans votre humanité. Vous venez vous rencontrer. Vous venez vous déposer. Vous venez vous transformer, et je sais déjà que chaque regard, chaque parole, chaque silence autour du feu de camp sera un morceau de votre chemin.
À la vie. Parce qu’elle est bien plus grande que tout ce qu’on croit savoir. Parce qu’elle nous pousse, nous bouscule, nous guide et nous met toujours face à ce qu’on doit voir.
Au désert. Parce que je sens déjà son immensité nous envelopper, son silence nous parler plus fort que tous les mots, sa simplicité nous rappeler l’essentiel.
Aux nomades. Parce que vous êtes l’incarnation même du mouvement, du lien à la terre, de la liberté que nous cherchons tant à retrouver.
Et à vous, ceux qui nous suivront, qui vibreront avec nous à travers un écran, dès que le réseau nous le permettra.HUMAN ne se vit pas seulement sur place, HUMAN se partage. Alors, que vous soyez là physiquement ou derrière votre téléphone, vous faites partie de cette énergie. Merci d’être là. Merci d’être humain.
Le compte à rebours est lancé.
5 jours.
HUMAN commence.