Il y a des titres qui claquent comme des paradoxes. Celui-ci en est un. Et pourtant, il est d’une justesse redoutable : pour être plus en joie, apprendre à être triste. Pas juste accepter. Pas juste tolérer. Apprendre. Vraiment.
Depuis quand on ne s'autorise plus à pleurer ? Depuis quand on pense qu’être triste, c’est être faible ? Depuis qu’on nous a appris à performer, à cocher les cases, à faire bonne figure. Mais si on arrêtait deux secondes le bullshit et qu’on regardait en face cette émotion qu’on a toutes voulu planquer sous le tapis ?
La tristesse, ce n’est pas un bug. C’est une fonction vitale. C’est une vague qui nettoie. Un cri muet du cœur. Et quand tu l’empêches de passer, elle s’incruste. Elle pourrit à l’intérieur, elle te fige, elle te coupe. De toi. Des autres. De ta joie.
Il y a presque dix ans, j’ai fait un choix. Pas un choix conscient, non. Un choix de survie. J’ai laissé la joie sur le bord de la route. À ce moment-là, j’étais dans une vie de maman où je devais être en hypervigilance pour l’un de mes enfants. Pas de place pour l’imprévu, pas de place pour le lâcher-prise. Encore moins pour la joie.
Et la tristesse ? Même pas envisageable. Trop risqué. Trop fragile. Trop dangereux de m’effondrer. Je devais tenir. Alors j’ai serré les dents, mis un masque, et avancé. C’était pas parfait, mais c’était ce que je pouvais faire à ce moment-là. Et c’est ok. Je ne regrette pas cette stratégie. Elle m’a tenue debout.
Mais aujourd’hui, cette stratégie ne me sert plus. Aujourd’hui, je veux autre chose. Je veux pouvoir pleurer sans avoir peur de m’écrouler. Je veux rire sans avoir peur que ça me déborde. Je veux vivre pleinement. Et pour ça, j’ai compris un truc : je dois être en lien avec ma tristesse ET ma joie.
Depuis 2022, je bosse sur cette relation à la tristesse et la joie. Et j’ai découvert une chose puissante : je peux être triste ET heureuse en même temps. Sérieusement.
Je peux avoir le cœur serré pour quelque chose et en même temps ressentir une gratitude immense pour autre chose. Je peux être traversée par un deuil et rire aux éclats dans la même journée. Pas parce que je suis instable, mais parce que je suis vivante.
Plus je m’autorise à ressentir la tristesse, plus ma joie est authentique. Plus je la vis, plus elle pétille pour de vrai, pas en mode façade ou forcing.
Agnès Ledig a écrit dans On regrettera plus tard :
"Personne n’absorbe la tristesse qui s’installe au fond de soi. C’est une rivière souterraine, qui jaillit pour s’écouler ou qui stagne en un étang fangeux. Aucun être extérieur ne peut vider cette eau-là du fond de nous-mêmes."
On espère que ça va passer. Que le temps, ou un rayon de soleil, évaporera cette tristesse. Mais souvent, le plus dur, c’est de croire encore au soleil. La vérité, c’est que personne ne peut évacuer ce que tu ne veux pas ressentir. Alors autant arrêter de lutter.
Accueillir cette rivière. La regarder. La traverser. Parce qu’en face, il y a toujours un rivage. Toujours.
Voici un outil simple, brut, mais redoutablement efficace :
L’auto-accueil émotionnel
C’est souvent quand tu t’arrêtes de vouloir solutionner que l’émotion se transforme.
Quand tu es traversé par une vague émotionnelle, prends 5 minutes pour écrire :
Tu verras, très souvent, une émotion ouvre la porte à l’autre. C’est pas une histoire de domination ou de hiérarchie. C’est un mouvement. Un rythme. Un battement.
Il y a peu de temps, j’ai entendu une personne de ma famille dire à une autre : "Tu ne dois pas parler de ta peine aux autres, tu vas les inquiéter et leur faire de la peine à eux. Tu dois la gérer toute seule, sinon tu es égoïste !"
Cette phrase, on va être clair : elle est violente. Elle est toxique. Elle est fausse.
Partager sa peine, ce n’est pas demander à l’autre de la porter à ta place. C’est permettre à l’émotion de circuler. C’est créer du lien. C’est reconnaître que l’on est humain. Vouloir protéger les autres à tout prix, c’est parfois une belle excuse pour se couper de soi et des autres.
Être vulnérable, c’est offrir à l’autre une chance de se connecter à toi. Et c’est lui laisser la liberté d’accueillir ou non. Ce n’est pas imposer. C’est juste être vrai. Il est temps de sortir de cette injonction à devoir tout gérer en silence. La solitude émotionnelle n’est pas une preuve de maturité, c’est une conséquence de notre société déconnectée.
Et puis parfois, ce n’est pas juste une tristesse passagère. Parfois, elle dure. Elle s’installe. Elle noircit tout. Elle t’empêche de dormir, de manger, de fonctionner. Elle isole, elle ronge, elle fait perdre goût à tout. Là, on ne parle plus d’une émotion saine. On parle d’un état de détresse.
Quand la tristesse devient chronique, quand elle s’accompagne d’une grande fatigue, de perte de plaisir, de repli, de pensées noires… on est peut-être face à une dépression. Et dans ces cas-là, il est urgent de se faire accompagner par un professionnel de santé, un médecin, un psychologue, un psychiatre.
Ce n’est pas une faiblesse. C’est un acte de courage immense que de dire : "Là, j’ai besoin d’aide." Et si tu lis ces lignes et que tu te reconnais, je t’en supplie : ne reste pas seule. Parle. Ose tendre la main. Il y a des gens formés, compétents, bienveillants qui peuvent t’aider à sortir de là.
Tant qu’on pense que la tristesse est une anomalie à réparer, on reste en guerre contre soi. Tant qu’on pense que la joie est la récompense finale, on reste en attente, en tension, en faux-semblant.
Mais quand tu comprends que ces deux-là sont des alliées, pas des ennemies, t’es plus la même. Tu redeviens entière. Et une femme entière, c’est une femme puissante. C’est une femme qui n’a pas besoin de se cacher.
Aujourd’hui, je peux dire "ça ne va pas" sans que ça me définisse. Parce que je sais que ma tristesse n’est pas mon identité. C’est une météo passagère. Et très souvent, après la pluie… il y a du vrai soleil. Pas du faux. Du vrai. Celui qui réchauffe sans brûler.
Et tu sais quoi ? Je me remercie. Je me remercie pour tout ce chemin que j’ai fait depuis ces dernières années, pour ce travail parfois inconfortable mais profondément transformateur. Parce que c’est grâce à ça que je peux aujourd’hui accueillir avec douceur ce qui se pose dans ma vie personnelle. Ce n’est pas un hasard si je vis les choses autrement. C’est le fruit de mon engagement envers moi.
Je partage ma tristesse sans attendre qu’on me sauve. Juste pour la faire exister. Et je m’émerveille quand, derrière une larme, une étincelle de joie apparaît. Comme un clin d’œil de la vie.
Tu sens que ça vient te chercher ? Que ça résonne fort ? Peut-être que ta tristesse est là, planquée depuis longtemps. Peut-être que ta colère gronde en silence. Peut-être que t’as besoin de poser les armes, de pleurer, de hurler, de danser, de renaître.
Alors je t’invite à un rendez-vous. Un rendez-vous avec toi. Un rendez-vous avec la vérité. Un rendez-vous avec la liberté intérieure.
Retraite Cœur de Flammes – du 26 au 28 septembre à Saint Clément (Gard)
Trois jours pour te reconnecter à tes émotions, les vraies. Trois jours pour laisser couler ce qui doit couler, pour crier ce qui a été tu, pour t’aimer dans tes ombres autant que dans ta lumière.
Cette retraite, c’est pas un stage pour devenir "meilleure". C’est une traversée pour devenir plus vraie.
Tu viens ? Si ton cœur bat un peu plus fort en lisant ces mots, c’est sûrement qu’il est prêt. Prêt à se libérer. Prêt à s’ouvrir. Prêt à être vivant.
Toutes les infos ici
Et puis, laisse-moi te partager un petit secret : lors de l’édition 2024 de cette retraite, on a vécu nos plus gros fous rires de toute l’histoire des retraites. Comme si, en libérant tout ce qui devait l’être, toutes les portes s’étaient ouvertes pour rire pleinement, sans filtre, sans peur, juste avec le cœur grand ouvert. C’est aussi ça, Cœur de Flammes : se traverser pour mieux s’embraser… de joie.