Je faisais un peu ma belle à dire que le passage des 18 ans de Lilou le 24 décembre (2022), c'était franchement facile. Et c'est vrai que si je compare à ce qui était là émotionnellement et concrètement pour les 18 ans d'Anthony, il y a 3 ans, pour Lilou c'est facile... Mais bon, le mistral après un ouragan, ça ne peut paraitre que facile !!!
L'émotion douce et pleine de gratitude qui m'est venue lors des 18 ans de ma Lilou Jolie, c'est "j'y suis arrivée" !!!
Pour rappel de mon histoire personnelle, Anthony et Lilou sont les enfants d'une 1ère union. J'ai quitté leur papa lorsqu'ils avaient 5 ans et 2 ans, et la relation avec lui, jusqu'à peu, était en dent de scie. Ils ont été élevé par David (mon amoureux depuis 15 ans) et moi, et ils ont un petit frère, Joan, qui a 13 ans.
Quand j'ai ressenti ce "j'y suis arrivée", c'est parce que même si David a toujours été là, ma famille et la sienne aussi, j'étais la seule portant l'autorité parentale, la seule à pouvoir remplir les papiers chez un médecin ou à l'école, la seule qu'on appelait quand c'était nécessaire, la seule responsable légale présente... Si quand ils étaient petits, j'ai parfois pleuré seule dans ma cuisine à me demander si j'allais y arriver... quand l'adolescence se pose, c'est une autre énergie qui est venue m'animer : Je DOIS y arriver !!!
Arriver à quoi d'ailleurs ???
Je pourrais te répondre : arriver à ce qu'on s'en sorte tous vivants !!! lol
Ou plus sérieusement (même s'il y a quand même une part de vrai dans ma 1ère réponse), arriver à les guider dans ce passage si transformant et percutant, tout en me sécurisant moi-même et leur montrer tous les chemins qu'ils ont comme choix pour devenir l'adulte qu'ils veulent être.
L'adolescence c'est cet espace de vie où le Tout et le Rien se mélangent, se détestent, s'unissent. Comme à chaque fois qu'on parle de parentalité, deux vérités se croisent :
Pour cette 1ère vérité, c'est surtout dû au fait qu'être parent c'est unique à chaque enfant. Je ne suis pas la même maman pour chacun de mes enfants, je n'accompagne pas de la même façon chacun de mes enfants... Si je parle là de Lilou et de Joan, l'indépendance et le besoin de liberté de Lilou me font me positionner bien différemment avec elle qu'avec Joan qui lui vit pleinement sa place de petit dernier.
En écrivant cela, je pense à Lilou qui 2 jours après avoir eu ses 18 ans, vient me voir en me disant
" Maman, j'ai un truc à te dire, promets-moi de ne pas t'énerver !"
La phrase qui te lance toutes les alertes de : ATTTTTENNTION un cyclone en approche !
Mon intuition et la connaissance que j'ai de ma fille, fait qu'elle n'a pas eu besoin de prononcer sa révélation, je l'ai trouvé directement à l'évocation de sa phrase. Cette décision qu'elle posait comme une affirmation de sa majorité avec la peur d'avoir la réaction de sa mère responsable d'elle jusqu'à il y a 48h, était la preuve pour nous deux, que maintenant ses choix lui appartenaient pleinement.
Et même si j'ai essayé un tout petit peu de la faire changer d'avis, je savais que je n'avais aucune prise... Personne ne peut faire changer d'avis Lilou, et ça je l'ai appris en sortant de mes croyances parentales et en apprenant pendant 18 ans à connaitre ma fille au fil de son évolution.
La 2ème vérité : "On nous ment beaucoup" !
On trouve beaucoup de livres et heureusement les langues se libèrent concernant l'accouchement, le post-partum et la petite enfance... Concernant les adolescents, à part trouver qu'ils sont chiants, souvent très rebelles et que c'est pas méga facile cette période, on ne nous dit pas grand chose.
Pour avoir vécu deux adolescences avec Anthony et Lilou et être dans les prémices de celle de Joan, je voudrais surtout parler de notre propre émotionnel. Comme toujours, lorsque l'on vit une expérience en conscience, nos enfants sont de vrais enseignants de notre propre chemin... Si jusqu'à leur 10 ans j'ai surtout le souvenir d'avoir traversé les mêmes prises de conscience, apprentissages, découvertes avec chaque enfant sur un plan différent mais les mêmes sujets... c'est vraiment avec leur adolescence que chacun d'eux m'a emmené dans des découvertes différentes, des apprentissages uniques...
Que ce soit dans leur parcours scolaire, leurs histoires amicales et amoureuses, leur rapport au corps, la gestion de leurs émotions, leurs liens avec moi et la famille, aucun d'eux ne vit les choses de la même façon. Ce qui fait que même lorsqu'on a trouvé "le truc" qui marche avec un, on se retrouve au point 0 quand on revit un sujet similaire avec l'autre...
Être parent d'adolescent c'est voyager sans vraiment connaitre la destination car ce n'est pas nous qui sommes au commande du navire ! Et ça, ça me semble être un élément important à accepter en tant que parent ! On nous a beaucoup appris que nous sommes, par notre responsabilité juridique et la définition de la parentalité dans notre société, les chefs de ce navire ! Mais c'est faux !!!
Avec mon amoureux, la dernière fois on est tombés sur un reportage dans lequel un père de famille se faisait retirer sa place sur le marché sur lequel il bossait pour nourrir sa famille parce que son fils mineur de 16 ans avait commis un acte horriblement moche et était en jugement.
Comme ce père de famille est responsable légal, il était considéré par la mairie de là où il bosse comme responsable lui aussi du délit de son fils... Il essayait de se défendre en expliquant qu'il était père de 4 enfants, dont 3 qui faisaient des études, étaient des enfants droits et honnêtes, qu'il n'avait, jusqu'ici, jamais eu de problème avec son fils et il condamnait les actes de son fils, d'ailleurs ce n'était ni l'éducation ni les valeurs qu'il lui avait transmis...
Je comprends parfaitement l'idée de cette mairie et cette décision, mais ça me fait quand même rire jaune. Bien sûr qu'un enfant mineur est sous la responsabilité de ses parents, mais tout cela à ses limites car cet enfant, même mineur, n'est pas un robot que l'on peut mettre en pause à souhait, ni une marionnette que l'on peut diriger et contrôler à notre guise.
Là on parle de justice, cette responsabilité se pose aussi dans des sujets encore plus graves comme les suicides des jeunes ados, où d'autres qui sont moins irréversibles comme l'échec scolaire, les fréquentations... Non nous ne sommes pas toujours responsables des choix, des comportements et des actions de nos enfants !!! Et il faut qu'on arrête de le penser...
Oui on peut avoir donné le meilleur de nous-même à nos adolescents, oui on peut avoir été présent, avoir été à leur écoute, leur avoir posé des limites et des règles, on peut avoir tout fait bien et au mieux... et pourtant !!! Parce qu'ils sont des êtres libres, bien au-delà de nous, qu'ils ne sont pas notre prolongement ni nos clones, ils vont devenir ou agir autrement que ce que l'on aurait aimé pour eux.
Et ça, notre émotionnel peut parfois en prendre un coup... Car on va danser entre la culpabilité, car on croit détenir LE bon chemin, donc si cet adolescent ne le prend pas c'est qu'on a mal fait le job de parent, entre la déception, de soi-même et si on est honnête avec soi, de notre enfant de ne pas être à la hauteur de ce qu'on a voulu pour lui. On peut aussi aller caresser la colère, le doute et la peur...
L'adolescence c'est selon moi l'invitation pour nous les parents à notre deuil de tout pouvoir, tout contrôle et de toute puissance ! L'enfant ne nous appartient pas et il n'est pas l'enfant ni parfait ni idéal que nous avons projeté sur lui. C'est le deuil aussi de notre place dans sa vie, nous ne sommes plus le roi ou la reine de son Monde, il a de moins en moins besoin de nous, n'a pas les mêmes avis ni opinions que nous sur ce qui nous entoure, il n'a pas les mêmes envies non plus...
Rassure-toi quand même, ce deuil ce n'est pas la fin, c'est la transformation... la transformation pour au fur et à mesure créer une relation d'adulte à adulte et non plus d'enfant à parent... toujours liés par ce lien d'amour et d'affiliation.
Lorsque Lilou est venue me parler 2 jours après son anniversaire, comme je t'ai dit, j'ai essayé de la faire changer d'avis, c'était le parent en moi qui m'a crié : "non tu dois lui faire comprendre que c'est le mauvais chemin, c'est pas possible autrement" !
Comme j'ai accepté depuis longtemps que mes enfants me guidaient autant que je les guide, j'ai entendu ce qu'elle avait à me dire au-delà de cette décision, alors j'ai fait taire le parent pour écouter l'adulte qui m'a dit : "c'est le chemin qu'elle choisi, continue à avoir confiance en elle mais ne l'influence pas !".
Elle a donc acté sa décision, et que je pense que ce soit la bonne ou la mauvaise, elle ne me l'a pas demandé, alors je n'ai pas à donner mon avis. Mon job est de l'accompagner dans celle qu'elle a prise et les conséquences de celle-ci...
Je suis une hypersensible, donc quand cela s'est posé, j'ai été traversé par beaucoup d'émotions telles que celles que je te disais plus haut : la colère, la peur, le doute, la culpabilité... Parce que je connais ma fille, pour ce qu'elle est et non pour ce que je "voudrais" qu'elle soit, j'ai géré mes émotions de mon coté sans lui partager à elle, tout en libérant tout de même auprès d'autres personnes et seule aussi. Je savais qu'en lui partageant mes émotions je pouvais l'influencer... Et il en était hors de question.
Certainement que j'aurais fait autrement si ça avait été Anthony ou Joan, parce qu'ils sont différents... Avec Anthony, connaitre les émotions des autres lui permet de se responsabiliser et pour Joan entendre les émotions des autres lui permet de connecter les siennes qu'il a du mal a saisir seul.
De mon expérience, qui n'est pas du tout encore finie, et de ce que je vis depuis déjà 10 ans (houuuuaaa !!! ), voila ce que j'en tire :
Et toi parent d'adolescent ou d'adulte, que peux-tu nous partager sur ton expérience pour ceux qui sont actuellement parent d'adolescent ?