Lorsqu'on aborde le sujet de la violence conjugale, il est courant de rencontrer des idées préconçues, souvent loin de la réalité. On imagine souvent à tort que la violence conjugale se résume à l'image stéréotypée du mari alcoolique qui brutalise sa femme jusqu'à la mettre à l'hôpital. Malheureusement, cette réalité existe, mais elle n'est qu'une facette d'un problème bien plus complexe et insidieux.
La violence conjugale se manifeste également à travers des formes plus subtiles et difficiles à identifier, telles que les humiliations verbales en public ou en privé, les menaces, les chantages. Elle se cache dans la peur constante et dans la perte progressive de liberté. Elle se glisse dans une gifle justifiée par "tu m'as poussé à bout" ou un simple "je te pousse fort, mais bon, je me suis excusé(e)".
Récemment, j'ai partagé un fragment de mon propre vécu sur mon compte Facebook. Mon intention n'était ni de susciter la curiosité ni de manquer de pudeur, mais plutôt de témoigner de ma conviction profonde : nos histoires peuvent apporter du soutien, de l'aide, voire sauver des vies. En partageant nos expériences, nous n'avons pas besoin d'être des conseillers ou des experts, il suffit parfois de dire : "J'ai vécu cela, peut-être que mon témoignage pourra t'aider."
C'est dans cet esprit que j'ai proposé aux femmes de ma communauté – un groupe Facebook privé rassemblant celles qui ont participé à mes cercles, formations ou retraites depuis 2019 – de partager leurs histoires pour cet article de blog.
Mon espoir est qu'en lisant ces témoignages, au moins une femme se sentira assez forte pour réaliser qu'elle n'est pas seule et trouvera le courage de dire "stop" et de partir. Voici donc quelques fragments de nos histoires...
J'ai rencontré le père de ma fille grâce à une amie en commun qui était sa cousine.
Entre nous tout est allé très vite, le premier je t'aime et la demande en mariage au bout de 2 mois de relation puis l'eménagement et l'achat d'un appartement ensemble.
C'était hyper fort et passionnel entre nous mais aussi dès le départ très toxique. Jalousie, violence verbale et irrespect, mais mon amour pour lui était tellement fort ainsi que ma dépendance affective et mon manque de confiance en moi qu'une fois qu'il s'était excusé je pardonnais.
Je n'ai connu que des trahisons et rejets dans mes relations donc pour moi c'était tout à fait normal une relation avec beaucoup de négatif comme cela. Et puis on devait se marier donc je ne me sentais pas de tout annuler juste pour des "engueulades" qui pour moi étaient normales dans un couple.
Un jour j'ai évoqué le fantasme d'une relation sexuelle avec une femme et il en a profité pour s'engouffrer là dedans. On a commencé à faire du libertinage ensemble et cela a été un moyen de pression pour lui, de pouvoir sur moi et de manipulation, un côté très pervers et surtout petit à petit c'est devenu pour lui un contexte et une excuse pour me tromper.
Il me forçait la main même quand je n'avais pas envie d'avoir de relations avec des couples ou des femmes et devenait très méchant (son regard devenait noir) si je disais non.
Puis il a commencé à voir d'autres femmes seul en me mettant devant le fait accompli une fois que c'était fait. Un jour j'ai donc voulu faire la même chose, il m'a menacé en me disant que si j'allais voir cet homme il me quitterait, me mettrait la misère....
Quand je suis rentrée il m'a craché au visage et m'a étranglée. A partir de ce moment il a commencé à avoir des propos de plus en plus violents (tu es une merde, t'es conne, ....), et moi j'ai commencé à faire des crises de spasmophilie....envie de mourir, impossibilité de respirer....
Il faisait la gueule dès que je sortais avec mes copines (lui n'avait pas d'amis) et j'avais constamment la boule au ventre. Il m'a trompée encore et encore....
Quand notre fille est arrivée, il ne faisait plus rien à la maison, je devais tout gérer seule et je me sentais épuisée, seule, désemparée. Il passait ses journées sur les jeux vidéos et en rentrant je devais m'occuper de ma fille car il n'avait rien fait, du linge, de la vaisselle, des repas....
Un lendemain de Noel avec nos parents où il avait été exécrable (il avait fait un scandale devant nos familles car il n'avait pas eu les cadeaux qu'il voulait alors qu'on nous avait offert une nuit dans un hotel 4 étoiles avec repas, que je lui avais offert un calendrier avec plein de photos de nous avec notre fille et qu'il est parti en plein repas), je lui demande d'appeler nos parents pour s'excuser de son comportement, le ton monte avec des insultes et il me donne un coup de poing dans le bras.
Ca a été le déclic pour moi. La petite voix qui me disait de le quitter depuis longtemps a commencé à prendre le dessus sur mes peurs d'être seule, de briser une famille et du regard des autres sur l'échec de mon mariage.
A partir de là j'ai vécu un enfer. Il m'a volé mes affaires de chant pour plus que je puisse faire ce que j'aime, il a contesté un jugement en jouant sur les mots pour m'interdire d'avoir ma fille les semaines où j'avais demandé de l'avoir, il a fait venir les flics à l'école et a accusé mon père de vouloir le frapper avec un bâton (il est flic donc il a joué de son statut), il me harcelait, et j'ai été convoquée au commissariat pour relevé d'empreintes et photos comme dans les films avec les criminels.
J'ai beaucoup pleuré, souffert mais je n'ai jamais cessé de me battre. Aujourd'hui il continue de me traiter de mauvaise mère, de folle, de vénale, c'est un irresponsable qui ne gère rien, habite encore chez ses parents, sur qui on ne peut pas compter et qui de temps en temps m'insulte ou me critique et me juge mais aujourd'hui ce qui a changé c'est que je m'en fou.
Il parle mais je ne répond pas ou bien je lui dis qu'il a raison car ce genre de personne ne se remet jamais en question et veut toujours sentir qu'il a un pouvoir sur l'autre. Sur moi, tout glisse, il n'a plus aucune emprise. J'ai réussi à me reconstruire et à croire en moi et aujourd'hui, j'ai recréé une famille avec un homme merveilleux aux antipodes de mon ex.
Avec mon ex-mari, nous nous sommes rencontrés très jeunes (14 ans pour moi et 16 ans pour lui). Nous avons pour ainsi dire grandi ensemble, mais nous n'avons pas évolué de la même façon. Il y a eu un mariage et un enfant.
Pendant la période de la COVID-19, j'ai développé de grosses crises de tétanie en voiture, au point de ne plus pouvoir voir une voiture en peinture. Je suis allée voir une thérapeute et, après plusieurs séances, elle m'a fait réaliser que avec mon ex-mari, ça ne fonctionnait pas. Nous avons pris une décision commune de nous séparer, et suite à cela, je reçois un message de sa maîtresse pour me révéler leur relation.
Je m'en doutais et j'ai décidé de divorcer. Là, c'est la douche froide : il s'est complètement transformé (ou il s'est révélé). Il a joué sur mon côté sensible et empathique, et surtout, il a tiré sur la corde sensible du "petit". Mais il n'est pas arrivé à me manipuler. Alors, il s'est servi de ma famille et de la personne qui m'était la plus proche, ma mère. Elle a déversé des mots d'une dureté :
"Que j'étais une mauvaise mère, que je devais prendre sur moi et rester avec mon mari pour le petit, que j'étais une pute (parce que j'ai eu le malheur d'avoir une relation de quelques semaines après la séparation), que mon ex-mari était un bon papa, si il m'a trompée c'est de ma faute…" Elle avait des mots tellement durs par moments et par moments, elle était d'une douceur, c'était très ambivalent.
Cela a duré pendant plus d'un an, car ma mère me disait toujours d'arrondir les angles avec mon ex. "Le pauvre, il est malheureux, fait un effort, laisse-lui les clés pour le dojo, il n'a plus que ça" (il donnait des cours de karaté à la maison). Il a cassé certaines choses dans la maison, mais surtout, il se pensait toujours chez lui. La relation entre mon ex et ma mère était tellement "forte" qu'elle l'appelait mon fils et lui, c'était sa mère.
Nous enchaînions les disputes assez violentes quand il prenait ou ramenait le petit à la maison. J'ai toujours fait en sorte que le petit ne nous voie pas, mais lui aimait se donner en spectacle. Il me faisait passer pour une folle, disant que je ne comprenais rien, que le problème venait de moi…
Lors d'une énième dispute, il m'a pris par la gorge et m'a jetée sur le canapé. J'en ai parlé à ma mère qui, encore une fois, a minimisé les choses. C'est l'hypnothérapeute qui me suivait qui m'a conseillé d'aller déposer au moins une main courante, et là j'ai compris que ce que je vivais n'était pas normal.
Mon empathie a fait que je n'ai pas déposé de main courante pour ne pas lui porter tort, car il est flic, mais j'ai mis mes limites. J'ai récupéré les clés de chez moi, il est rentré dans une colère noire, j'ai dû le mettre dehors et mon fils m'a dit : "J'ai eu peur qu'il te mette la main dessus", et ça a fait un déclic.
Depuis ce jour, j'ai posé mes limites en lui disant que s'il ne les respectait pas, j'irais porter plainte. J'ai eu une grosse conversation avec ma mère (pour la faire courte) : je lui ai dit qu'elle était hyper importante pour moi et que je l'aimerai toujours, mais que je n'hésiterai pas à couper les ponts.
Je pense que je l'ai tolérée parce que, inconsciemment, j'avais confiance en "ma figure de sécurité" (ma mère), et à ce moment-là, j'avais un besoin de sécurité, d'écoute bienveillante, d'empathie, d'amour, et j'étais tellement épuisée moralement et physiquement par les crises de tétanie que j'avais espoir qu'elle me donne ce dont j'avais besoin, et inconsciemment, pour mon fils, je voulais tellement que cette séparation se passe au mieux pour lui que je me suis fait bouffer en prenant toujours plus sur moi.
Dans mon cas, ce qui m'a donné la force de dire stop, c'est d'avoir repris confiance en moi et de m'écouter pour poser mes limites.
Je me lance, j'ai un bel exemple parmi tant d'autres, et celui-là est plutôt gentil ! Un jour, avec mon ex, nous finissions de préparer le repas pendant que les enfants étaient à table.
Je lui parle de l'organisation du planning du lendemain, et il me dit qu'il y a quelque chose dans le planning que je ne lui avais pas dit et qui n'était pas prévu : une séance de photos de famille un samedi matin, car je suis photographe professionnelle. Du coup, cela pose problème car lui avait prévu de faire autre chose, prétendument aller travailler au noir, bien que cela, par contre, n'ait absolument pas été prévu. Je lui dis que si, je lui en ai parlé en début de semaine et la semaine précédente, et que c'était le lendemain. Il me tient tête en affirmant que non, je n'avais jamais dit que c'était pour le lendemain.
Persuadée que je lui avais bien dit, je continue à lui affirmer, mais il continue à nier. Là, il me dit que je délire, que je deviens folle. Ensuite, il se tourne vers les enfants et leur dit : "Hein, vous confirmez que maman n'a jamais dit ça, et qu'elle n'a pas dit que c'était demain mais un autre jour ?" Et les enfants, déjà terrorisés par lui car il passait son temps à hurler sur tout le monde, lui donnent raison en disant : "Oui, maman, tu te trompes."
Il se retourne alors vers moi, un sourire narquois aux lèvres, et me dit : "Tu vois, tu es folle, même les enfants le disent, il faudrait vraiment consulter, tu ne sais même plus ce que tu dis." Je me suis sentie tellement mal, car je savais que j'avais raison, que je lui avais bien dit à plusieurs reprises que c'était prévu ce jour-là, et cela m'a fait tellement mal qu'il utilise les enfants contre moi, et eux, les pauvres, n'ont pas eu le courage de lui tenir tête et de lui dire que j'avais raison...
J'ai un autre exemple un peu plus cru... Si vous saviez le nombre de fois où, quand monsieur avait envie de se soulager mais que moi je n'en avais pas envie car nous avions quatre enfants à la maison, dont un bébé de quelques semaines, après une césarienne très douloureuse à 38 ans, après m'être occupée des écoles, des courses, du ménage, sans même avoir eu le temps de m'occuper de moi et de prendre une douche car j'allaitais encore notre fille, où il m'a sorti que je n'étais qu'une mégère, que j'avais joué les séductrices au début de notre relation pour pouvoir profiter de lui et de son argent (je précise que ce n'est pas Rothschild le mec).
Mais maintenant que j'avais ce que je voulais, j'étais devenue coincée. Il était chaque fois extrêmement insistant et me disait : "Tu sais très bien que je n'arrive pas à dormir tant que je n'ai pas eu de relations !" (Je vous avais dit que c'était cru, lol !) "En plus, j'ai des besoins d'hommes et tu dois les assouvir, mais tu es égoïste et tu t'en fous complètement, tu ne penses qu'à toi."
Alors, la plupart du temps, je me laissais faire, je le laissais faire sa petite affaire en espérant qu'il me foute la paix ensuite pendant au moins un ou deux jours.
C'était du harcèlement, et je subissais au final en me taisant, car les fois où j'ai refusé et que j'ai eu gain de cause à force de le repousser, il faisait exprès de se retourner violemment dans le lit en tirant les couvertures pour me réveiller et m'empêcher de dormir, il tapotait sur la tête de lit avec ses doigts, il soufflait très fort car bien entendu il n'arrivait pas à dormir, il mettait son pied à terre en dehors du lit et tapotait sur le sol, il allumait sans cesse l'écran de son téléphone pour regarder l'heure et souffler de plus belle...
Quand je lui disais qu'il fallait qu'il arrête son cinéma parce que j'avais besoin de dormir, car c'est moi bien entendu qui m'occupait de la petite quand elle se réveillait la nuit, il se mettait à me hurler dessus en disant que puisque c'était ça, il allait aller se soulager dans le canapé ! Et vous savez quoi ? Le pire de tout, c'est que le lendemain matin, quand je me levais avec les enfants pour les préparer pour l'école, je retrouvais le rouleau de papier essuie-tout et des morceaux usagés sur la table du salon, tout frais.
J'en ris maintenant, tellement en fait, il était ridicule... Mais c'est vrai que sur le moment, c'était extrêmement humiliant, et j'avais extrêmement peur de lui et de ses réactions violentes. Encore aujourd'hui, je me demande comment j'ai pu accepter tout ça et tout le reste de ce qu'il m'a fait subir, et surtout ce qu'il a fait subir à mes enfants. Mais j'ai eu le courage et la force de prendre la bonne décision et de m'enfuir vite et loin !
Ce qui m'a aussi aidé, c'est le peu de confiance en moi qu'il me restait et le fait de me rendre compte que j'étais devenue une personne que je n'aimais pas, je n'étais plus moi-même. Mes enfants aussi m'ont beaucoup aidé quand je me suis rendu compte qu'ils étaient vraiment très mal. Le pire, c'est que pour mes deux grands, c'était leur beau-père, et il se permettait d'être violent avec eux !
Il ne faut pas rester seul et il faut se faire aider. Quand je l'ai quitté, je suis allée au CIDFF, le Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles, où j'ai rencontré une juriste et une psychologue qui m'ont fait comprendre que ce que je vivais n'était pas normal et que je ne devais plus accepter tout ça. La gendarme qui a pris ma plainte quand j'ai quitté la maison m'a également dit que j'avais eu beaucoup de courage de partir mais qu'il en faudrait encore plus pour ne pas y retourner, même si je n'en avais absolument pas l'intention !
Je suis allée voir une psychologue qui m'a dit exactement la même chose et a bien compris que mon ex était un pervers narcissique de première classe. Mon avocate m'a aussi beaucoup soutenue... Bref, il faut s'entourer de personnes compétentes et ne pas hésiter à prendre les devants.
Sache pour commencer que ce que tu vis je l’ai aussi vécu et je comprends. Je sais combien ça ne dois pas être facile mais je voudrais te dire bravo. Bravo d’être cette femme qui se respecte, bravo d’être cette mère qui sait protéger ses enfants comme une louve, bravo d’être cette femme forte et vulnérable qui avance vers elle-même un pas après l’autre.
Je ne vais pas te mentir le chemin n’est pas facile mais une fois libre on est tellement plus alignée. J'ai mis du temps à voir ce qui se passait et ce que mon ex me faisait vivre. J’avais une vie de famille alors oui je me disais bien que des fois y’avait des trucs pas normal mais il était tellement persuasif. J’avais une maison aussi dans laquelle j’ai passé quelques années de mon enfance.
J’ai tenu bon pendants des années parce qu’on me disait que je ne pouvais pas’partir car ma dernière qui était trop petite. A force de l’entendre j’ai fini par le croire et j’ai tenu pendant 2 ans. 2 ans d’enfer, de chantage, de menaces, de peurs. 2 ans à me demander si moi j’étais pas folle.
Ma Mère se demandait comment je pouvais endurer ça depuis toutes ces années mais j’étais persuadée qu’il allait changer. Mes amis, les vrais me disaient que c’était impossible, que je devais partir, que ce genre de personne ne change pas mais bizarrement je ne voulais pas entendre. J’écoutais ceux qui me disaient le contraire.
La violence est devenu de plus en plus présente, jusqu’au soir où, énervé, il m’a étranglé avec un cable. Grace à mon fils ainé je suis vivante car il est intervenu. A partir de là je suis partie. J’ai pris mes enfants et quelques affaires et je suis partie. J’ai quitté cette maison qui était devenue ma prison, comment pourrais-je rester ici alors que pendant tout ce temps j’ai fait vivre un enfer à mes enfants. Dans chaque partie de cette maison il y avait des énergies de violence.
Il aura fallu 2 ans… Bien sûr que ça a duré des années mais à la naissance de ma fille je me suis dit qu’avec une petite fille ça changerai, qu’il serait plus doux… 2 ans d’enfer…
J’ai haïe longtemps tous ces gens qui me disaient de rester et qui ne m’ont pas aidé à partir. Tous ces gens qui projetaient leurs propres peurs sur le fait que je le quitte.
Mais t’as pas de boulot comment tu vas faire? Mais t’as pas de sous de côté!!! Mais si tu quittes la maison tu vas aller où? Et les enfants tu y as pensé? Là ils sont bien ils ont un jardin, t’es à la campagne si tu va ailleurs qu’est-ce qu’il vont dire?
Ce que je sais c’est que ces gens n’ont pas vécu la peur, la terreur, les insultes, les coups, les douleurs. Ils sont restés bien au chaud avec propre peurs.
Alors oui bien sûr que j’ai pensé à mes enfants. Et oui bien sûr que je me les ai suis posé toutes ces questions. Alors oui je peux te le dire au final partir a été la meilleure chose que j’ai pu offrir à mes enfants.
Je leur ai offert la chance de vivre. De devenir qui ils sont, de s’épanouir dans la paix, la sérénité et surtout, mais surtout sans climats d’insécurité, sans violence, sans peur, sans coups, sans douleurs.
Oui je suis devenue mère célibataire avec 3 enfants, oui j’ai vécu grace aux aides de la caf pendant un temps, oui j’ai eu un assistant social mais ça n’a pas duré.
Et j’ai trouvé un petit logement avec un jardin pour nous 4. Ok parfois ça n’était pas confortable car il a fallu que je me débrouille seule aussi parfois mais j’y suis arrivée. Oui je suis cette femme qui s’est écouté et respectée et je suis cette mère qui a protégé ses enfants et qui les as mis en sécurité. Et pendant ce temps là j’étais entouré de personnes formidables qui m’ont aidé à passer ce cap.
J’ai trouvé des petits boulots et ensemble tous les 4 on était vivant. VIVANT!!! Du genre à s’épanouir en toute sérénité. Et pour le reste il existe des gens compétents qui font du bon travail, j’ai vu une avocate pour notre divorce qui a écrit noir sur blanc ce qu’il allait ce passer et les juges ont statué.
Et même s’il a continué a me menacer, m’insulter, me dire que je n’étais qu’une merde sans lui et que je ne serais rien, que je ne saurais pas me débrouiller parce que je ne sais rien faire ben j’ai continué.
Aujourd’hui mes enfants vont bien, ils ont grandi… Ouep c’est vrai. Mais aujourd’hui parce que je suis ancrée et en phase avec mes valeurs mes enfants se libèrent… Tour à tour, ils participent à des retraites, des cercles, ils vont voir Aurore ou Sylvie… Parce que si je suis partie et que je les ai mis en sécurité, TOUT ce qu’ils ont vécu avant ils l’ont ancré…
Toute cette violence subie, cette insécurité, toutes les insultes entendues…. Ça les a marqué, aussi petit soient-ils, ils ont emporté avec eux leurs douleurs enfouies. Et aujourd’hui ils veulent s’en débarrasser car ça leur pèse. La jeune fille de la retraite famille dont a parlé Manue c’est ma fille. Elle a 17 ans et même si je n’étais pas présente lors de sa libération je sais combien ça a été violent. A la hauteur de tout ce qu’elle a enduré petite…
Alors voilà, Oui c’est bien de toi, c’est tes enfants, ton "couple", ta maison, tes amis, ta famille, dont il s’agit mais j’ai surtout envie de te dire c’est surtout de la VIE dont il s’agit. Le premier pas est possible et c’est sûrement le plus important, le moment où on dit stop.
Maintenant certains vont essayer de te déstabiliser mais garde le cap, et si ont te demande si tu as pensé à tes enfants dis leur que c’est justement parce que tu penses à eux que tu a pris cette décision. Les gens qui parlent à l’extérieur ne sont pas dans ce que tu vis toi. Alors qu’ils échangent leur place s’ils veulent. Et comme on dit l’avis des gens c’est la vie des gens.
Je vais te parler d'une conversation avec ma fille qui a aujourd'hui 19 ans. J'ai quitté son père (qui est aussi le père de son grand frère) en 2007, il y a donc 17 ans. Elle n'avait alors que 2 ans et 4 mois.
Hier après-midi, nous étions entre femmes de la famille chez ma sœur et nous avons abordé le sujet de la violence conjugale, un sujet que nous avions également discuté lors de notre cercle de femmes mercredi soir.
J'ai demandé à ma fille si elle se souvenait de quelque chose de sa vie avec son père. Et là, elle m'a répondu que oui, elle se souvenait de certaines pièces de notre ancien appartement, elle se souvenait de paquet de pâtes qui volent, d'un couteau, elle se souvenait même d'être enfermée dans les toilettes avec son frère et moi...
C'est choquant, elle n'avait que 2 ans et 4 mois, et la scène qu'elle m'a décrite est la dernière scène de violence la veille de mon départ...
Un départ que j'ai effectué le lendemain matin pendant que son père dormait, avec mes deux enfants dans les bras et un sac de vêtements pour eux, pour trouver refuge chez mes parents. (Juste pour clarifier, car on entend parfois des absurdités, oui, j'ai fui avec mes enfants, mais non, je n'ai pas perdu leur garde pour cela! Et pourtant, je n'ai pas porté plainte pour violence, car soyons honnêtes, en 2024, ça reste compliqué, et il y a 17 ans, c'était vraiment difficile de franchir la porte du commissariat.)
Revenons à ma fille... On dit souvent qu'avant l'âge de 3 ans, on n'a pas de souvenirs conscients...
Pourtant, elle se rappelle de cette scène avec des détails précis, alors que son frère, âgé de 5 ans à l'époque, dit ne pas s'en souvenir.
Certains pourraient penser que parce qu'ils étaient petits, cela n'a pas eu de conséquences sur eux d'entendre leur père m'insulter, me rabaisser, me menacer, m'humilier, me faire du chantage, les voir me voir avoir peur, anticiper ses réactions, pleurer, me protéger, partir me cacher, parfois même crier aussi...
Que mes enfants, parce qu'ils étaient jeunes, n'ont pas été marqués par les 2 et 5 ans qu'ils ont passés dans un foyer de violence... Ils ont maintenant 19 et 23 ans, et je peux dire à toutes ces personnes que si, ils ont eu des séquelles, ils en ont toujours, et chacun travaille sur lui-même pour libérer ce qu'il arrive à conscientiser.
Est-ce que je culpabilise de ne pas être partie plus tôt? D'avoir cru qu'il allait changer? D'être restée en pensant que je n'avais pas le droit de priver mes enfants de leur père au quotidien? De penser que c'était ma faute parce que j'étais sûrement responsable, que je le poussais à bout? De croire que j'étais folle, trop exigeante, voire peut-être même violente aussi?
Oui, j'ai pensé à tout cela pendant longtemps.
Aujourd'hui, je peux te dire que non, je ne le pense plus. Je n'ai aucune raison de me sentir coupable, car je ne suis pas responsable d'avoir été la victime d'un manipulateur, pas responsable d'être tombée amoureuse, pas responsable de ses incapacités à être un bon père et un bon mari.
Et surtout, même si j'ai mis 10 ans à dire stop, je l'ai dit un jour. Et rien que pour ce dimanche matin où j'ai fui cet homme avec mes enfants, je peux me dire merci... D'ailleurs, il y a quelques mois, mes deux enfants (suite à une énième déception de leur père) m'ont aussi remerciée d'avoir pris cette décision ce dimanche de février 2007.
Face à ces témoignages poignants, il est crucial de reconnaître que la violence conjugale prend de nombreuses formes et peut affecter tout le monde, indépendamment de l'âge, du genre ou du statut social. Ces récits nous rappellent que la violence peut être insidieuse, manipulatrice, et qu'elle laisse des cicatrices profondes, même sur les plus jeunes.
Il est important de briser le silence et de tendre la main à ceux qui souffrent en silence. Pour ceux qui se reconnaissent dans ces histoires, il existe de l'aide. Le numéro national d'aide aux victimes de violences conjugales est accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au 3919.
En outre, je tiens à rappeler que je suis également disponible en privé pour écouter et aider dans la mesure de mes capacités. Tu n'es pas seul(e). Il est possible de trouver de l'aide, de se reconstruire et de vivre une vie sans violence.
Chacun mérite d'être en sécurité et de vivre dans un environnement sain et respectueux.
Nous sommes des êtres libres et nous devons oser l'être !