Il y a des articles qu’on écrit pour transmettre un message. Et il y en a qu’on écrit pour ne plus jamais se trahir. Celui-ci, c’est un peu des deux.
Je vais pas te faire un texte lisse, bien structuré, avec des conseils sur "comment lâcher prise en 5 étapes", car j'ai déjà fait un article sur le sujet ici. Non. Là, je vais te parler vrai. Je vais te parler de moi. Et peut-être que dans ce moi, tu vas te reconnaître. Je vais te parler de comment j'essaye de lâcher le contrôle !!
Très vite dans mon travail thérapeutique, j’ai compris un truc essentiel : une grosse partie de ma personnalité, de mes choix, de mes freins, de mes réactions, était dictée par un sentiment d’insécurité. Ce constat m’a pas du tout fait rire !!!
Parce que sur le papier, j’avais grandi dans un environnement sécure : un papa, une maman, amoureux, présents, une maison confortable, deux sœurs, une aisance matérielle. Bref, rien qui justifie ce sentiment intérieur de ne jamais être complètement en sécurité.
Mais la sécurité ne se crée pas avec une maison, un compte en banque ou un sourire sur une photo de famille. Elle se construit dans l’invisible. Dans les regards. Dans les mots. Dans les silences aussi. Elle se tisse – ou pas – dans la manière dont on se sent accueilli, entendu, compris.
Et là, j’ai commencé à regarder. Pas pour accuser. Pas pour juger. Juste pour comprendre.
J’ai vu les gestes, les mots, les décisions d’adultes qui ont sans doute cru bien faire mais qui, parce qu’eux-mêmes étaient pleins de leurs propres peurs, douleurs, stratégies et croyances n’ont pas pu me sécuriser émotionnellement. Et j’ai vu comment, petit à petit, un espace intérieur s’est construit en moi où j’ai cru que je devais faire seule. Tenir seule. Contrôler pour survivre et que tout cela c'était être forte.. Que pour être reconnue et aimé fallait être forte !
Et c’est là qu’elle est entrée dans ma vie. Madame Contrôle.
Je l’appelle comme ça, parce qu’on est devenues intimes, elle et moi. Et que dans mon système familial, elle est connue et chérie. Chez nous, chacun a sa façon de la fréquenter : certains contrôlent leurs émotions, d’autres leurs mots, d’autres encore les autres ou les situations. Mais elle est là. Partout.
Moi, j’ai fait alliance avec elle très tôt. Et notre duo a fonctionné. Longtemps. Elle m’a protégée. Soutenue. Portée. Grâce à elle, j’ai évité l’effondrement, j’ai gardé la face, j’ai avancé.
Et puis, la vie m’a mise face à une situation qui a tout ravivé. Un vrai trauma. Une douleur tellement violente que j’ai cru que j’allais mourir. Pas physiquement, mais intérieurement. J’ai entendu cette phrase résonner dans ma tête : "J’y arriverai pas, je veux mourir."
Ce jour-là, j’ai touché la limite de ma stratégie. J’ai vu que même le contrôle n’empêchait plus la chute. Et j’ai compris un truc : dire "je n’en peux plus", "je n’y arrive pas", "je ne veux pas"... c’est pas un aveu de faiblesse. C’est un acte de force.
C’est là que j’ai demandé de l’aide. Et c’est là aussi que, pour la première fois, les autres ont pris leur part de responsabilité. Qu’ils ont bougé. Qu’ils ont agi. Parce que je ne masquais plus rien. Parce que j’étais nue, vulnérable, et que je n’en pouvais plus de porter pour tout le monde.
Mais cette cassure a laissé une trace. Depuis, une autre copine a débarqué : Madame Anxiété. Elle, c’est pas une rigolote du tout non plus. Elle te fout le bordel dans le corps, dans la tête, dans les tripes. Et elle te souffle en permanence que si tu lâches, tu vas tomber. Fort. Et peut-être que cette fois, tu te relèveras pas. Et elle est mega bonne pour imaginer tout les pires scénarios pour se raconter qu'on peut mieux contrôler si on est "prépare", qu'on a pas l'effet de surprise.
Alors j’ai compris qu’il ne s’agissait pas de supprimer Madame Contrôle, mais d’apprendre à l’écouter différemment. À comprendre ce qu’elle essaie de me dire. À lui dire merci, mais aussi à lui dire stop. Et surtout, à découvrir que je peux créer ma sécurité autrement.
Mais pour ça, fallait que je comprenne ce qu’est une stratégie émotionnelle.
En psychologie, une stratégie, c’est un mécanisme inconscient qu’on met en place pour survivre à un moment donné. C’est une réponse d’adaptation face à un manque, une peur, un danger (réel ou perçu). Et souvent, cette stratégie, on la forge dans l’enfance. Elle devient une compagne fidèle. Elle nous aide à tenir.
Mais elle finit par prendre trop de place. À devenir notre filtre. Notre pilote automatique. On croit que c’est nous, alors que c’est juste une armure.
Connaître ta stratégie, c’est pas la détester. C’est pas la rejeter. C’est dire : "Ok, je vois comment tu m’as aidée. Mais aujourd’hui, je veux reprendre le volant."
Et les stratégies, on en a tous. Voilà quelques exemples :
Définition : Anticiper, organiser, tout vouloir maîtriser pour éviter l’inattendu.
Signes : Difficulté à déléguer, besoin de tout prévoir, peur panique du flou.
Bénéfices cachés : Se sentir compétente, éviter les blessures imprévues. ( pour mon cas c'est me raconter que je peux éviter la sidération et la décompensation si j'ai déjà imaginé le pire et que je l'ai prévu )
Clé de dépassement : Travailler sur la sécurité intérieure, apprendre à faire confiance (aux autres, à la vie, à toi).
Définition : S’éloigner d’une situation ou se couper émotionnellement.
Signes : Besoin de partir, de fuir les conflits, de disparaître.
Bénéfices cachés : Éviter la confrontation, rester en contrôle de ses émotions.
Clé de dépassement : Travailler la présence à soi et à l’instant, apprendre à rester même quand c’est inconfortable.
Définition : Faire toujours mieux, jamais satisfait.
Signes : Auto-critique permanente, peur de l’échec, difficulté à terminer.
Bénéfices cachés : Se sentir valable, être reconnu, éviter la critique.
Clé de dépassement : Revenir à la valeur de l’intention, du processus, et non du résultat.
Définition : Refuser de voir ou de ressentir une réalité douloureuse.
Signes : Minimisation, rationalisation, fuite du ressenti.
Bénéfices cachés : Ne pas souffrir, éviter l’implosion.
Clé de dépassement : Oser regarder la vérité, accompagné si besoin, à petits pas.
Définition : Se plier aux autres, plaire à tout prix.
Signes : Difficulté à dire non, peur du rejet, oubli de soi.
Bénéfices cachés : Se sentir aimé, éviter l’abandon.
Clé de dépassement : Reconnecter à ses besoins, affirmer sa place sans culpabilité.
Définition : Se couper pour ne pas souffrir.
Signes : Retrait, mutisme, sensation d’étouffer intérieurement.
Bénéfices cachés : Protéger sa vulnérabilité, éviter le conflit.
Clé de dépassement : Réapprendre à s’exprimer, dans un cadre sécure.
Définition : S’occuper des autres pour éviter de se regarder.
Signes : Être toujours là pour tout le monde, s’oublier.
Bénéfices cachés : Se sentir utile, éviter sa propre douleur.
Clé de dépassement : Redonner la responsabilité à chacun, revenir à soi.
Définition : Détourner le sérieux par la blague.
Signes : Blagues constantes, dérision des sujets profonds.
Bénéfices cachés : Protéger son cœur, éviter la douleur.
Clé de dépassement : Accepter de plonger dans le fond, en gardant la légèreté sans fuir.
Elles sont toutes là pour nous protéger. Et tant qu’on ne les regarde pas, elles dirigent notre vie.
Parce qu’il nous donne l’illusion qu’on est en sécurité. Que si on anticipe tout, on ne souffrira plus jamais comme avant. Qu’on va éviter les surprises, les chocs, les douleurs.
Et puis, parfois, on n’a jamais connu autre chose. Le contrôle devient notre identité. On nous félicite même pour ça : "T’es forte", "T’es organisée", "T’assures". Alors pourquoi on lâcherait un truc qui nous a protégées, valorisées, maintenues en vie ?
Parce qu’à un moment, ça ne suffit plus. Parce qu’à force de tout contrôler, on s’épuise. On se vide. On passe à côté. On vit plus, on gère.
Et moi j’ai plus envie de gérer. J’ai envie de vivre en paix et en douceur.
Je suis pas "guérie" de ma stratégie. J’ai pas tout “réglé” ça. Je suis en chemin. J’ai appris à reconnaître les moments où le contrôle reprend le dessus. J’ai compris les bénéfices à garder cette stratégie dans certains cas. Je m’accueille là-dedans. Je m’aime avec, pas malgré.
Et surtout, j’apprends à la lâcher en me sécurisant autrement : en parlant, en respirant, en m’entourant, en osant être vulnérable. En choisissant des personnes ressources. En me rappelant que la douleur est un mouvement, pas une identité. Qu’elle me traverse, mais qu’elle ne me définit pas.
J’ai aussi compris quelque chose de fondamental dans mon rapport à la réalité. Pendant longtemps, à force de vouloir tout anticiper, tout contrôler, j’étais coupée de ce qui est vraiment là et à la magie et la beauté de l'imprevisible. Mon mental créait mille scénarios, souvent catastrophes, dans le but de m’y préparer ou de m’en protéger. Mais la plupart de ces scénarios n’arrivaient jamais. Et pendant ce temps, passe à coté de ce qui peut être !
Aujourd’hui, je travaille à revenir à la réalité, ici et maintenant. J’apprends à différencier la voix de mon intuition (claire, douce, directe) de celle de Madame Contrôle ou Madame Anxiété (floue, agitée, paniquée). Et je commence à libérer l’empreinte que cette stratégie a laissé dans mon corps, pour en sortir, pas par la force, avec l’accueil, la présence, le soin, la douceur.
J’apprends à danser avec ce qui fait peur. À laisser une place à la vie, même quand elle fait mal. Parce que j'apprend maintenant que je suis capable de traverser.
Et toi, t’en es où avec ta stratégie ? Tu la regardes, ou c’est elle qui te pilote ?
Si ce texte a résonné pour toi, si tu sens que toi aussi tu es prête à aller regarder ce qui se joue derrière tes stratégies, à remettre de la vie là où tu as mis du contrôle, alors je t’invite à me contacter.
Je propose des séances individuelles pour t’accompagner à ton rythme, dans un cadre sécure et bienveillant. Et si tu veux aller plus loin, plus fort, plus profond, tu peux aussi me rejoindre sur l’une de mes retraites holistiques.
Écris-moi. Pose tes questions. Ose venir te déposer.
Parce qu’on n’est pas fait pour porter seule. Et que parfois, une rencontre peut tout changer.