Vivre avec l’hypersensibilité : ma vérité et mes outils pour cohabiter avec le monde

Mon histoire pour vivre avec l'hypersensibilité ...

Je me rappelle depuis toujours avoir vécu le lien à l’autre et les relations humaines avec une vision… disons, pas standard à ce qu’il paraît... Personnellement, moi je me trouve tout à fait normale mais « à ce qu’il paraît », j’ai selon certaines personnes un peu trop de « trop » ou pas « assez » de… je ne sais quoi, qui font que je vis et ressens ma relation aux autres et les émotions qui vont avec intensément...

J’ai rarement eu des personnes qui m’ont dit : « Ah ouais Manue, moi aussi je ressens comme toi ». Enfin, depuis que je suis coach-thérapeute, je reçois en séance individuelle et dans les retraites holistiques beaucoup de personnes qui, comme moi, sont traversées par ces vagues émotionnelles...

Du coup, longtemps, j’ai cru que je n’étais pas normale. Pas câblée comme il faut. J’ai cru que j’étais « trop ». Jusqu’au jour où j’ai mis un mot sur ça : hypersensible. Et là, tout s’est recollé à l’intérieur.

Je vais te raconter une situation lambda : un conflit avec quelqu’un que j’aime. Même si ce conflit ne déclenche pas de colère chez moi, il fait naître de la tristesse. Tristesse que ça se passe comme ça. Tristesse de ne pas réussir à débloquer. Tristesse que le lien s’abîme. Tristesse que ça devienne compliqué. Tristesse de ne pas être arrivée à éviter cette situation...

Et quand, en face, on me sort : « Manue, faut que tu t’en foutes ! » ou le fameux « Lâche prise ! »… ça me rend folle ! Pareil que dire « Arrête de t’inquiéter » à quelqu’un en pleine crise d’angoisse. Mais bien sûr. Pourquoi je n’y ai pas pensé toute seule ?

Femme posant ses mains sur son cœur lors d’un cercle de parole, illustration de vivre avec l’hypersensibilité dans un espace sécurisé.
Crédit photo : Laetitia Miralles lors d'une retraite thérapeutique 2024

Aujourd’hui, à l’aube de mes 45 ans, avec un paquet de boulot sur moi derrière moi (et un peu de sagesse, l’avantage d’être presque vieille lol), il reste un truc qui me colle à la peau : je pige toujours pas comment font les autres pour s’en foutre. Sérieusement : comment font-ils pour ne pas tout ressentir aussi fort ? Comment font-ils pour que ça ne soit pas important ? Comment ils font pour continuer leur vie comme si de rien n’était ? Ça, c’est un mystère que je n’ai pas encore élucidé.

Je suis mariée à un homme génial mais qui est à l’opposé de moi sur l’hypersensibilité... Alors je lui demande comment il fait ? Sauf que c’est aussi évident pour lui d’être dans ce « je m’en branle » et de brûler le dossier tout simplement, que pour moi de m’y plonger, le décortiquer, l’analyser, le ressentir... le vivre...

Je suis fan de lui d’arriver à être comme cela (faut pas lui dire lol), ça me semble tellement à 10 000 000 de lieux de mon mécanisme et ça semble rendre tout tellement plus simple et en même temps... Je trouve cela tellement fade de ne plus ressentir tout aussi fort...

Parce que oui : mon hypersensibilité, c’est ma boussole. C’est elle qui me fait vivre intensément. J’aime sentir mes larmes couler pour les belles choses de la vie. J’aime vibrer de mes émotions. J’aime poser des mots sur mes ressentis et raconter ce qu’il se passe en moi. J’aime me sentir vivante avec ce que mon corps et mon cœur me font vivre...

En fait, de moi à moi, ça se passe très bien. La cohabitation est même géniale. Là où ça se complique, c’est quand je me retrouve face à des gens qui n’ont pas le même langage. Là, c’est comme si on parlait chinois et martien. Et ça m’épuise.

Je parle de ceux qui rationalisent tout, qui « posent des mots logiques » là où moi je ressens tout viscéralement, qui vont me répondre avec du faire et des faits quand je parle d’être et de ressenti, ceux qui sont blindés émotionnellement, qui ont mis l’armure pour ne jamais être secoués et qui bien souvent vont juger mes secousses comme de la faiblesse, là où dans mon monde je trouve que c’est un super pouvoir, une force de dingue d’être soi dans un monde qui veut que tout soit lisse...

Alors oui, ma grande sagesse de presque quinqua fait que maintenant, j’évite de rentrer dans des débats avec ceux qui ne parlent pas la même langue que moi. Parce que je sais où ça m’emmène : dans un tsunami émotionnel, dans mille remises en question. Et je n’en ai pas envie.

Câlin collectif entre femmes dans un espace thérapeutique bienveillant, pour illustrer la cohabitation douce avec l’hypersensibilité.
Crédit photo : Laetitia Miralles lors d'une retraite thérapeutique 2024

Donc je fais quoi ? Je me barre dans ma grotte. Je vis tout ça, de moi à moi, dans mon espace secure. Pas pour eux. Pour MOI. Pour éviter la vague qui me bouffe pendant des jours après. Parce que moi, mon émotion, c’est mon filtre de réalité. Et ça, ce n’est pas négociable.

Et en plus de ma grotte, il y a tous ces espaces que sont les cercles, les retraites thérapeutiques et holistiques qui sont des espaces où l’émotionnel est libre, où le respect, l’écoute, la bienveillance sont les règles de chacun, ce qui permet d’être pleinement soi en toute sécurité... Dans ces espaces, on peut tout dire, tout laisser vivre, pleurer, rire, être trop ou pas assez et être accueilli et reconnu dans tout cela.

Mon hypersensibilité fait partie de moi, mais ne me définit pas

Aujourd’hui, je le dis haut et fort : mon hypersensibilité fait partie de moi, mais elle ne dit pas tout de qui je suis. Comme mon histoire, mon passé, mes blessures, mes rôles de femme, de mère, d’épouse, de cheffe d’entreprise… tout ça fait partie de moi, mais ça ne me limite pas.

Ce trait de « pas personnalité » — parce que oui, pour moi l’hypersensibilité n’est pas un caractère mais une boussole — j’ai appris à le dompter. À savoir quand l’écouter, quand le tempérer, quand l’adoucir pour ne pas me laisser bouffer par lui. J’ai appris à en faire une force. À poser des contours là où ça débordait trop. À y mettre de la douceur pour moi, avant tout.

Et surtout, aujourd’hui, je sais que cette particularité est l’un de mes plus grands outils dans ce que j’offre au monde : mes accompagnements. Mon hypersensibilité, c’est ma porte vers l’intuition, l’empathie, l’écoute profonde. C’est un de mes super pouvoirs. Une de mes lumières. Une de mes compétences précieuses que j’active dans chaque séance, chaque retraite, chaque cercle.

Je ne me juge plus d’être cette hypersensible. Je m’aime avec elle. Et j’ai su, grâce à la connaissance de moi, la mettre au service de ma vie — comme tout ce qui m’habite et fait de moi celle que je suis aujourd’hui.

Hypersensibilité : ok, mais c’est quoi exactement ?

Maintenant que tu sais d’où je parle, on pose le décor : l’hypersensibilité, ce n’est pas juste pleurer devant un film triste. C’est avoir un système émotionnel branché sur du très haut débit, tout le temps, avec le bouton off qui ne fonctionne pas de ouf.

C’est :

  • Ressentir tout, fort et vite.
  • Analyser tout, tout de suite, même quand tu ne voudrais pas.
  • Être impacté par ce qu’on appelle les détails.
  • Sentir l’énergie d’une pièce avant d’y poser un pied.
  • Avoir une empathie et une intuition très fortes.

En vrai, c’est une boussole super précise. Mais si tu ne sais pas t’en servir, elle te fait tourner en rond.

Être hypersensible, ce n’est pas « être fragile ». C’est avoir un corps et un cerveau qui traitent chaque information sensorielle, émotionnelle et relationnelle à fond les ballons.
Concrètement ?

  • Un son trop fort te fait mal.
  • Une ambiance tendue te donne envie de partir, même sans un mot échangé.
  • Un non-dit, un silence, un regard, une phrase anodine… tout est capté, stocké, ressenti.
  • Ton corps réagit avant même que ton mental ait compris.

On n’est pas dans un « choix », on est dans une configuration de base. T’es née avec un radar interne que d’autres n’ont pas ou qu’ils ont coupé pour survivre.

Comment savoir si toi aussi, t’es câblé comme moi ?

Tiens, coche ça dans ta tête :

  • T’es fatigué après une discussion « normale ».
  • T’as besoin de solitude pour « revenir à toi ».
  • T’as un radar à faux-semblants et bullshit.
  • Tu ressens le malaise, même caché sous des sourires.
  • Un conflit ? Ça te ronge dix fois plus longtemps que les autres.

Si t’as un grand OUI dans ta tête : bienvenue. On est une famille discrète, mais puissante.

Femmes se tenant et se soutenant physiquement dans un rituel de libération émotionnelle, vécu commun d’hypersensibilité.
Crédit photo : Laetitia Miralles lors d'une retraite thérapeutique 2024

Dans le rapport au monde : vivre sans carapace

Un hypersensible se balade dans le monde sans armure.
Ce que ça veut dire ?

  • Tu ressens l’injustice d’un inconnu comme si c’était ton frère.
  • Tu ne peux pas regarder certaines infos sans avoir envie de vomir ou de pleurer.
  • La beauté t’arrache des larmes (une chanson, un ciel, un rire d’enfant).
  • La laideur te ronge de l’intérieur (mensonges, hypocrisie, cruauté).

Le monde, pour toi, est un choc permanent.
Pas que négatif : un hypersensible peut être bouleversé par la beauté autant que par la douleur. C’est intense, c’est « trop » pour beaucoup… mais c’est vivant.
Alors forcément, vivre dans une société qui valorise le contrôle, la performance et le « sois fort »… ça pique.

Dans le rapport aux autres : un traducteur universel, mais personne pour traduire pour toi

Avec les autres, ton hypersensibilité est un superpouvoir mal compris.

  • Tu ressens ce que l’autre ressent avant qu’il l’admette.
  • Tu devines les blessures sous les masques.
  • Tu sais quand quelqu’un ment — et ça te rend folle qu’il continue.
  • Tu vois au-delà des rôles sociaux (le chef, la mère parfaite, l’ami distant…) — toi tu captes la faille, la peur, la tendresse planquée.

Mais le hic :
Peu de gens savent te rendre la pareille.
Quand toi tu expliques ton ressenti, ça les met mal à l’aise.
Quand toi tu demandes à parler « vrai », ils se barricadent.
Quand toi tu veux comprendre, eux veulent tourner la page sans creuser.

Résultat ? L’hypersensible vit souvent une forme de solitude au milieu des gens.
Ce n’est pas qu’il est seul. C’est qu’il parle une langue que peu maîtrisent.

Trois femmes réunies en soutien émotionnel pendant une retraite holistique, symbole d’accompagnement pour vivre avec l’hypersensibilité.
Crédit photo : Laetitia Miralles lors d'une retraite thérapeutique 2024

vivre avec l'hypersensibilité dans ce monde de fou ?

Je ne vais pas te dire « faut lâcher prise ». Je vais te dire ce que MOI je fais :

1) Identifier : « ça, c’est mon hypersensibilité qui parle »
Quand ça s’emballe dans ma tête, je m’arrête et je me pose LA question : est-ce que la situation est vraiment grave ou est-ce que c’est mon filtre hypersensible qui dramatise ? Juste poser la question, ça calme. J’aime aussi me demander si c’est mon émotion ou mon intuition qui me parle...

2) Me créer une zone safe
Ma grotte, c’est sacré. Musique, écriture, silence. Quand je sens que ça déborde, je m’isole. Pas pour fuir. Pour protéger mon cœur.
Faire le tri dans son entourage... et se créer des espaces qui correspondent à notre perception... C’est entre autres comme ça que les cercles et les retraites ont pris place dans ma vie.

3) Laisser couler
Je pleure. Je laisse passer. Je ne retiens rien. J’écris. Je danse... Je libère. Et après, ça sort du corps.

4) M’entourer de gens qui me comprennent
Aujourd’hui, j’ai autour de moi des personnes qui m’accueillent comme ça, sans vouloir me changer ni me juger... Des gens pas choqués par mes vagues. Et mon amoureux, même si nous sommes très différents aujourd’hui, parce qu’aussi j’ai pris le temps de tout lui expliquer : mon fonctionnement et mes besoins. Il sait être juste là... Je peux lui dire : « Là, je suis triste, j’ai besoin de pleurer... » Il ouvre ses bras et me laisse pleurer sans chercher à solutionner, à comprendre ou à me dire d’arrêter.

5) Accepter que certains ne comprendront jamais
Et ce n’est pas grave. Je n’essaie plus de les convaincre. C’est du temps de gagné pour vivre MA vie à fond.
Ça, tu as compris que ce n’est pas un accord tout à fait acquis... Je sais prendre la posture, m’éloigner, ne pas débattre mais pas encore ne pas me laisser impacter émotionnellement par cette incompréhension.

L’hypersensibilité est une responsabilité

Oui, j’assume...
Être hypersensible, c’est porter un regard différent sur le monde et oser continuer à ressentir quand beaucoup se sont éteints.
C’est rappeler à l’autre qu’il a un cœur.
C’est incarner qu’on peut vivre plus intensément, sans renoncer à la douceur.
C’est refuser la carapace, mais construire un cocon.

Je ne veux pas être moins sensible... Je veux que le monde apprenne à le devenir... Ah oui, dans l’hypersensibilité il y a aussi beaucoup d’utopies (lol, on en reparlera dans un autre article peut-être !!!)

Et toi, hypersensible ? Viens me raconter ton tsunami en privée... Ou viens dans mon cercle : ici, personne ne te dira de t’en foutre. Pour me contacter c'est ici

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